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Critiques rédigées par Comité de lecture adulte

 

Chaussette (Loïc Clément)

note: 5Le deuil en BD Comité de lecture adulte - 2 mai 2018

Un petit garçon observe avec tendresse les habitudes quotidiennes de sa voisine Josette, qu'il appelle Chaussette depuis qu'il est tout petit, et de son fidèle ami le chien Dagobert. Un jour, lors de sa tournée des commerces habituelle, l'attitude de Chaussette est bien étrange et Dagobert n'est pas là...
Des illustrations d'une extrême douceur, des personnages très attachants et une histoire (très !) émouvante qui permet d'aborder le sujet douloureux de la perte d'un être cher.
Un énorme coup de coeur que je recommande, et pas seulement pour les enfants !
Cécile (BDY)

Je suis Jeanne (Caroline Poiron)

note: 4Attentats et traumatismes Comité de lecture adulte - 11 avril 2018

Homs, 11 janvier 2012. Le journaliste français Gilles Jaquier trouve la mort, alors qu’il couvre la révolte syrienne pour le magazine télévisé Envoyé spécial. Sa compagne, Caroline Poiron, est elle aussi à Homs. Elle est reporter-photographe pour Paris-Match.

Paris, 7 janvier 2015 - Paris, 13 novembre 2015 - Nice, 14 juillet 2016 - Champs Elysées 20 avril 2017. Tous ces attentats perpétrés sur notre territoire rappellent à l’auteure que la guerre, telle qu’elle l’a photographiée aux quatre coins du monde, cette guerre qui a coûté la vie à son mari, est désormais à notre porte. Caroline Poiron s’enfonce dans une grave dépression, est hospitalisée en psychiatrie à deux reprises, en proie à des hallucinations et à un délire de persécution.

Caroline Poiron nous livre un témoignage bouleversant sur le syndrome de stress post-traumatique, et sur la force qu’elle a trouvée en elle pour le dépasser.

Myriam T. (BDY)

Manger mieux pour vivre mieux (James Wong)

note: 5Comment booster les nutriments des aliments. Comité de lecture adulte - 1 décembre 2017

Chaque légume, fruit, produit laitier, céréale, viande et boisson vont être étudiés, afin de connaître leur point fort pour notre santé, comment les conserver et améliorer leur capacité, le tout illustré par des recettes simples et savoureuses. De quoi parfois changer nos habitudes, et mieux connaître certains aliments.
Le plus : l'auteur se sert d'expériences scientifiques prouvées pour enrichir son propos, avec un trait d'humour qui rend le texte facile d'accès, et agréable à lire. Notons que les images sont esthétiquement bien travaillées et réussissent leur but de nous donner envie de tester quelques recettes.
Un bon documentaire !

Femme sur écoute (Hervé Jourdain)

note: 3femme sur écoute Comité de lecture adulte - 3 octobre 2017

Manon , strip teaseuse , essaie de s'en sortir pour payer les études de sa sœur
et élever son enfant dont le père est en prison . Mais tout à coup tout se détraque,
ses comptes bancaires et facebook sont piratés ,elle est prise en flagrant délit
lorsqu'elle apporte de la drogue à son compagnon et elle est présente sur la scène
de 2 meurtres.....
Lola Rivière , jeune cyber-policière et ses chefs sont chargés de cette enquête
et d'autres affaires qui se superposent.

Polar de « plage » , se lit rapidement mais les différentes affaires qui s'entrecroisent
sont un peu difficiles à suivre. Ne sort pas du lot.

Le pianiste de Hartgrove Hall (Natasha Solomons)

note: 5coup de coeur Comité de lecture adulte - 3 octobre 2017

Magnifique roman, sur la passion dévorante autant amoureuse que musicale. On passe des années d’après la seconde guerre mondiale quand le narrateur rencontre Edie Rose, grande chanteuse très populaire lors de cette guerre et fiancé du grand frère d’Harry, aux années après la mort d’Edie début 2000. L’auteur arrive magistralement à faire ressentir la perte d’un amour d’une vie et celui de la passion pour la musique, une passion de tout moment comme une partie de soi sans laquelle on ne peut pas vivre.

Cérium (Patrick Raynal)

note: 3cérium Comité de lecture adulte - 3 octobre 2017

Bon roman, qui nous permet une plongée dans le monde des inspecteurs du travail et du code de celui-ci. La fin est inattendue et le lecteur commence à comprendre où l’auteur veut l’emmener qu’à la toute fin du roman.

Les mystères d'Avebury (Robert Goddard)

note: 4mystères avebury Comité de lecture adulte - 3 octobre 2017

Récit intéressant et captivant mélangeant Histoire (XVIIIème siècle), enquête, suspense et rebondissement. La fin est complètement inattendue et les rebondissements sont présents jusqu’aux dernières pages.

Minute, papillon ! (Aurélie Valognes)

note: 3Un roman d'été Comité de lecture adulte - 6 juillet 2017

Rose est dans une mauvaise passe : elle vient de perdre sa place de nourrice à domicile, son fils Baptiste quitte la maison pour vivre avec Jessica, sa sœur, dont elle est très proche, devrait être mutée à Marseille. Elle retrouve un emploi de dog-sitter auprès d’une femme odieuse ; Colette. Rose va se lier à la vieille femme qui lui redonnera goût à la vie. L’alignement des planètes est bon, l’horoscope est favorable : tout se terminera pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Tranche de vie d’individus représentant notre société : une mère célibataire, les commerçants d’un quartier parisien, une femme qui se veut parvenue, une senior et un jeune qui entre dans le monde du travail. Un roman d’été léger.

La fiancée du facteur (Denis Thériault)

note: 4La facteur haïkus Comité de lecture adulte - 6 juillet 2017

Une jeune serveuse, Tania, travaille dans un bar à Montréal. Elle tombe amoureuse de Bilodo, facteur un peu spécial, solitaire, idéaliste, qui lit certains courriers avant de les remettre à leurs destinataires.
Il va s’intéresser particulièrement à une correspondance entre le professeur Granpré et une Guadeloupéenne, Ségolène, qui communiquent par haïkus...
C’est un roman plus profond qu’il n’y paraît, laissant apparaître des questions existentielles (solitude comblée par une vie par procuration, recherche du bonheur, de l’amour, en mentant et en se mentant…)
Roman très agréable à lire, écriture fluide, avec présence de haïkus, qui nous emmènent dans une autre dimension, plus poétique.

Colza mécanique (Karin Brunk Holmqvist)

note: 3Après Aphrodite et vieilles dentelles... Comité de lecture adulte - 6 juillet 2017

Dans une petite maison de trois pièces perdue dans un champ de colza vivent deux frères, Albert et Henning. Ces deux papys ont une vie simple, réglée comme du papier à musique.
Et puis… leur ancienne maison familiale devient un centre de désintoxication pour femmes alcooliques, des policiers découvrent la présence d’un vaisseau extraterrestre dans le champ de colza, des journalistes envahissent les lieux, et nos deux petits vieux deviennent malgré eux, des héros.
C’est un récit agréable qui se lit tranquillement, qui nous procure quelques sourires (mais pas d’éclats de rire). Cependant le rythme est un peu longuet et les péripéties ont du mal à venir.
Une chronique villageoise teintée de satire sociale et d’une réflexion sur la modernité, portée par des protagonistes attachants et un peu drôles.

Maestro (Cécile Balavoine)

note: 4Musique ! Comité de lecture adulte - 6 juillet 2017

Récit inspiré d’une enfance atypique, autour d’une étrange passion : Mozart, que l’auteure découvre à l’âge de 9 ans. En alternant le passé et le présent, Cécile Balavoine nous raconte une tranche de sa vie amoureuse, en recyclant habilement son érudition sur Mozart.
Les scènes de ses souvenirs sont particulièrement touchantes, avec des questionnements sur l’enfance et la famille, les relations avec son père, sa petite sœur, avec une description juste des événements, des joies, des peines de cette époque qui laissent une marque jusqu’à l’âge adulte.
L’écriture est un peu particulière, car elle s’adresse au « Maestro » par le vouvoiement, sans que l’on sache très bien (au début surtout) si elle s’adresse à Mozart ou au chef d’orchestre.
C’est un livre qui se lit bien.

Mon ciel et ma terre (Aure Atika)

note: 4De la pudeur aux excès Comité de lecture adulte - 22 mai 2017

Ce livre est un cri d’amour d’une fille à sa mère, femme hors norme entre le trop et le pas assez, mère anti conventionnelle, rock’roll, passionnée de musiques, de voyages, avec des amants dont elle se lasse et la drogue qui s’installe..
C’est autobiographique ; la mère d’Aure Atika est issue d’une famille juive marocaine, elle a été infirmière, photographe, réalisatrice.
C’est une vie de bohème qui nous est décrite, aux cotés d’une mère aimante et transgressive, intello et opiomane.
C’est une écriture légère, percutante, avec des phrases courtes, c’est très poétique.
Conclusion ? C’est très bien.

Jimfish (Christopher Hope)

note: 4Un Candide moderne Comité de lecture adulte - 22 mai 2017

Résumé : Jimfish est un jeune homme trouvé sur les rives de Port Pallid en Afrique de Sud. Il n’est ni complètement blanc, ni complètement noir, ni métisse et est rejeté par la plus part. Suite à un incident, il fuit son pays et voyage afin de chercher une place du « vrai côté » de l’histoire.

Impression de lecture : Histoire intéressante qui évoque plusieurs faits historiques de façon décalée et originale.

Loin du corps (Léa Simone Allegria)

note: 3Apparaître pour renaître Comité de lecture adulte - 22 mai 2017

Adrienne vit avec Sandro mais elle a l’intuition qu’ils doivent se quitter. Son jumeau Adrien disparaît dans des circonstances bizarres. C’est la descente aux enfers : déprime, anorexie. Elle est repérée dans la rue par un photographe de mode. Elle devient mannequin- Dior, Cacharel-, tout en travaillant à sa maîtrise à l’Ecole du Louvre. Le travail, les relations permettent une fin presque heureuse de l’héroïne désabusée.
Beaucoup –trop- de sujets traités : les relations entre mannequins et couturiers, l’art à travers les études,  les relations familiales, la relation amoureuse, la déprime, l’anorexie ... mais d’actualité.

Le marin en smoking (Pierre Luccin)

note: 4Un beau voyage Comité de lecture adulte - 22 mai 2017

Richard Castanier est un sale gosse ; mis à pied du collège, il quitte sa famille, petits propriétaires vignerons dans le bordelais. Après avoir été garçon à tout faire à Paris, il embarque à Dieppe pour Londres puis au Havre pour des destinations très variées –Spilberk, Singapour, Djibouti- sur des paquebots de grand luxe. Ayant sympathisé avec un roumain, il mettra pied à terre : ils monteront à NY une affaire Venetian Spaghetti Shop. Les femmes, ses anciens collègues toujours présents lors des escales et le besoin d’argent le pousseront à poursuivre l’aventure.
Texte autobiographique mais romancé par l’imaginaire de l’auteur. Décrit la vie à bord des paquebots de luxe et sur les cargos aussi bien du côté du personnel que de la clientèle mais aussi les événements historiques –la disparition d’Albert Londres par exemple. Beau portrait d’un garnement qui se forge au cours de ses voyages.

Djibril ou Les ombres portées (Mahamat Saleh Haroun)

note: 3Une vie difficile Comité de lecture adulte - 22 mai 2017

Djibril ou Gabriel qui se fera appeler Laguerre Saleh Ngaba, journaliste qu’il a connu dans une geôle de l’état, vit dans la rue au Chad dans les années 1980. Le héros éduqué, écouté, aidé par le père Francisco raconte sa vie pendant les années perturbées et violentes et son amour empêché pour Hilwa, promise au maire d’Abéché.
Roman décrivant la vie difficile des enfants des rues en Afrique et l’histoire du Tchad pendant les années 80 mais le récit m’a semblé un peu superficiel.

Arkane n° 01
La désolation (Pierre Bordage)

note: 5Un roman à suivre de près Comité de lecture adulte - 15 mai 2017

Arkane est une ville dirigée par sept familles : les Drac, les Aigle, les Dauphin, les Loup, Les Corridan, les Ours et les Orbal. La paix règne jusqu’au jour où la maison des Drac est anéantie par les autres, ce qui déclenche l’effondrement d’Arkane…
Bon fantaisy dont les histoires parallèles sont prenantes et qu’on ne voudrait pas quitter tout en souhaitant connaître la suite... on attend les autres volumes avec impatience !

Jennifer (Bibliothèque de Toucy)

Qu'il emporte mon secret (Sylvie Le Bihan)

note: 4L'abyme des souvenirs Comité de lecture adulte - 20 avril 2017

A l’aube d’un procès, Hélène, 47 ans, ne trouve pas le sommeil. Elle prend donc la plume, pour expliquer à son dernier amant pourquoi elle ne sera pas là pour leur prochain rendez-vous. Et pour qu’il comprenne ce qu’elle est, elle remonte dans ses souvenirs, jusqu’à cette fameuse nuit de juillet 1984 où tout a basculé...
Un fort récit avec deux temps de narration : celui du présent, les trois jours avant le procès où on suit Hélène dans sa chambre d’hôtel, perdue dans ses souvenirs, et celui du passé, des souvenirs, ceux racontés directement dans la lettre à son amant.
Cette brillante construction du texte nous permet d’apprécier la mise à nu de cette femme, et favorise la mise en place d’un suspense, qui arrive à nous tenir en haleine. C’est un livre qui se dévore assez rapidement, et qui nous hante un peu après la lecture.

Manuel à l'usage des femmes de ménage (Lucia Berlin)

note: 4Recueil de nouvelles Comité de lecture adulte - 20 avril 2017

Ce livre est le recueil posthume de 43 nouvelles, qui se dégustent petit à petit. Nous sommes de suite happés par l'histoire, le ton léger et de la confidence, par les personnages (féminins) touchants, admiratifs, intéressants. Bien entendu, certaines nouvelles vont plus nous plaire que d'autres, mais dans l'ensemble elles sont toutes bien construites et captivantes. De plus, le mystère plane sur la question de l'autobiographie. On ne sait pas si ce sont des nouvelles autobiographiques, un peu transformée par le filtre merveilleux de la narration ou si ce sont des nouvelles fictives ? Sûrement un peu des deux....

La sonate oubliée (Christiana Moreau)

note: 4Une fable musicale Comité de lecture adulte - 20 avril 2017

Lionella, 17 ans n’a qu’une passion : le violoncelle. Elle prépare un concours et cherche à se démarquer des autres candidats avec un morceau « original ». C’est son ami Kévin qui va l’aider. Lors d’une balade dans un vide-grenier, il va acheter un petit coffret en métal dans lequel se trouve une partition et un journal intime… Elle va ainsi découvrir le destin d'Ada, abandonnée dans un hospice. Mais celui-ci est particulier, puisqu’il s’agit de « l’Ospedale della Pieta », où Vivaldi enseignait la musique à ces jeunes filles recluses.
On va ainsi voyager entre «  l’époque contemporaine » et «  l’époque classique », au gré de la lecture du journal intime. On va s’immerger dans le quotidien de ces musiciennes et de la vie Vénitienne, et parallèlement suivre Lionella dans la préparation de son concours, avec un petit suspense : la partition pour violoncelle trouvée dans le coffret est-elle de Vivaldi ? C’est un livre très bien documenté, « coloré » ; l’époque contemporaine est plutôt grise, alors que l’évocation de Venise et de son carnaval est pleine de couleurs.

La sonate à Bridgetower (Emmanuel Dongala)

note: 5Un bel hommage au 1er violoniste noir de l’histoire de la musique Comité de lecture adulte - 20 avril 2017

Avril 1789 à Paris. Georges Bridegtower, un petit violoniste de 9 ans donne des concerts qui enthousiasment le public parisien. C’est un élève de Joseph Haydn. Frederick de Augustus veut « exhiber » son fils en particulier pour gagner de l’argent. Il ne se ménage pas pour lui trouver des concerts. Georges rencontre Beethoven, avec qui il se liera d’amitié. Ce dernier écrira une sonate pour violon et piano dédié à Georges Bridgetower, mais suite à une dispute, Beethoven enlèvera la dédicace.
Ce roman se veut un hommage à la communauté africaine, métisse, qui évoluait au sein des cours européennes, et dont on ne parle jamais. On a également de très beaux portraits d’hommes, en particulier Beethoven, dont l’auteur s’est manifestement plu à nous décrire le « sale » caractère …Une immersion réussie dans l’histoire des cours européennes du XVIIIème siècle, à travers le destin exceptionnel d’un jeune artiste.

Lettre au dernier grand pingouin (Jean-Luc Porquet)

note: 4Un animal méconnu du grand public Comité de lecture adulte - 20 avril 2017

Le 3 juin 1844, sur l'île d'Eldey, au sud-ouest de l'Islande, les deux derniers grands pingouins sont tués par des pêcheurs.
Jean-Luc Porquet décide de s'intéresser à cette extinction, en s'adressant directement à cette espèce. Comme dans une longue lettre, il retrace la vie de ce grand oiseau, les menaces qu'il a subi, ou ce qu'il peut rester comme spécimens empaillés dans les muséums. Mais, en faisant cela, il s'interroge aussi ce que fait subir l'Homme à son environnement, ou, à une plus petite échelle, ce que lui fait subir à son entourage.
Tour à tour ou parfois simultanément zoologiste, philosophe, écologiste, Jean-Luc Porquet signe un ouvrage souvent désabusé, toujours érudit et avec une pointe d'humour. Des petites circonstances entourant tout le sujet de l'extinction l'oiseau, il tente de comprendre. Il le reconnaît lui-même, peut-être que le grand pingouin a mérité son extinction, mais ce n'était pas pour autant une raison pour le faire. Et il faudrait bien que l'homme le comprenne au vu de toutes les espèces qui disparaissent.

Les premiers (Xabi Molia)

note: 4Des supers pouvoirs Comité de lecture adulte - 20 avril 2017

Un jour de janvier, sept personnes se découvrent de fabuleuses facultés, dont celle de voler. Chacun va développer un talent particulier, que ce soit la vitesse, la devination ou la télépathie.
Gregory, Saïd, Jean-Baptiste, Valérie, Mickaël, Raphaël et Thérèse vont être encadrés et enrôlés par l’État français.
C'est à une incroyable entreprise que s'est attelée Xabi Molia, en se demandant ce qui arriverait avec l'apparition d'êtres à super-pouvoirs et notamment en France. Il n'y a rien de bien merveilleux avec ces super-êtres qui doivent affronter des problèmes de sécurité intérieure, quelques opérations d'anti-terrorisme. La société civile les acclame, ou s'en méfie, selon les événements. Au fur et à mesure de l'avancée du récit, ces êtres fabuleux connaîtront des sorts différents, mais personne n'en sortira indemne.

Faux documentaire, le lecteur se laisse emporté par le rythme de l'histoire. Les émotions surpassent la démonstration de puissance, c'est l'intimité de chacun de ces sept personnages qui est leur vrai super-pouvoir.

Celui qui est digne d'être aimé (Abdellah Taia)

note: 5Beaucoup de sensibilité et de violence contenue Comité de lecture adulte - 5 avril 2017

Ahmed, marocain de 40 ans vit et travaille à Paris. Il écrit à Malika, sa mère, disparue 5 ans auparavant : il règle ses comptes et lui raconte sa vie d’homosexuel ; rédige une lettre de rupture à Emmanuel, son compagnon, qu’il aime éperdument et à qui il doit tout, le meilleur et le pire de son histoire ; reçoit une lettre de Vincent, rencontré à Paris et qui le recherche, et de Lahbib, son ami d’enfance, mais qui n’a pas eu la même destinée que lui.

Roman épistolaire qui permet à l’auteur de raconter son histoire, de pointer les rapports dans les couples et les problèmes d’éducation des enfants au Maroc, mais aussi la colonisation et ses ravages.

Sombres cités souterraines (Lisa Goldstein)

note: 3Les histoires du monde d'en bas Comité de lecture adulte - 22 mars 2017

Tout commence le jour où Ruth Berry vient poser des questions à Jeremy Jones à propos des livres pour enfants écrits par sa mère, des histoires du monde d'en bas. Sont-elles vraies ou était-ce juste l'imagination d'un enfant ?
Un début très prenant et annonciateur d'une bonne histoire, mais très vite elle se dégrade et donne une impression d'accumulation d'éléments mal ficelés entre eux.

Dark matter (Blake Crouch)

note: 3Une quête de la vérité Comité de lecture adulte - 22 mars 2017

Jason Dessen mène une vie tranquille à Chicago avec femme et enfant jusqu'à ce qu'il soit enlevé. Lorsqu'il se réveille, il se trouve dans un Chicago qui n'est pas le sien, dans lequel il n'est ni marié, ni père. Mais où est-il ? Comment peut-il faire pour retrouver sa famille ?
Une histoire captivante et prenante jusqu'aux dernières pages qui laissent le lecteur sur sa faim.

Une bouffée d'air pur (Amulya Malladi)

note: 5Un roman dont on ne sort pas indemme Comité de lecture adulte - 22 mars 2017

Un roman à 3 voix qui se passe en Inde, à l'aube de l'an 2000, avec en toile de fond la catastrophe de Bhopal survenue le 3 décembre 1984, et ses conséquences.
Ce soir-là, Anjali attendait son mari volage, Prakash, en gare de Bhopal. Elle rentrait d'un séjour chez ses parents, et il devait venir la chercher, mais il l'a oubliée. Quand l'usine de gaz a explosé, un nuage d'air toxique a envahi la ville, et notamment la gare de Bhopal. Anjali s'est vue mourir. Grace aux secours de l'armée et à sa position de femme d'officier, elle a été secourue et a survécu, avec des séquelles respiratoires.
Avant même sa sortie de l'hôpital, Anjali a demandé, et obtenu, le divorce pour adultère, ce qui est alors très choquant dans la bonne société indienne. Elle se remariera quelques années plus tard avec Sandeep, un homme bon, qui l'aime et qu'elle aime. Le couple aura un enfant gravement handicapé physiquement, et dont les jours seront comptés, conséquence de ce qu'Anjali aura vécu à Bhopal.

15 ans après la catastrophe, Anjali rencontre son ex-mari sur le marché d'Ooty, ville où Sandeep et elle résident avec leur fils de 12 ans. Elle apprend qu'il vient d'y emménager avec sa nouvelle femme et leurs deux enfants bien portants. Cela provoque un grand chamboulement dans l'esprit d'Anjali, mais aussi dans ceux de Prakash (son premier mari), et de Sandeep. Colère, jalousie, compassion, regrets, amertume, admiration... Les émotions se bousculent chez chacun des trois narrateurs et, comme le dit la quatrième de couverture : "Peut-on oublier, peut-on pardonner, peut-on réparer?"

Police (Hugo Boris)

note: 3Un destin entre leurs mains Comité de lecture adulte - 4 janvier 2017

Une mission particulière pour ces gardiens de la paix : une reconduite à la frontière d'un migrant.
Ils sont trois. Virginie, Artistide et Erik.
Ces personnages sont en fait des gens "ordinaires", avec leurs problèmes personnels.
huis clos pesant dans la voiture de police, sur le trajet Paris/aéroport CDG. Le migrant est menacé de mort dans son pays. Pour chacun des personnages, la vie sera différente après cette opération.
Roman court, qui se lit bien ; descriptions réalistes, que l'on visualise bien. Un hommage à cette profession souvent malmenée.

Une poupée au pays de Daech (Eli Flory)

note: 2Un roman déjantée sur la condition des femmes Comité de lecture adulte - 3 janvier 2017

Barbie est bien réelle. Elle est en pleine dépression car Elsa la reine des neiges lui vole la vedette, et que Ken l'a plaqué quand il est sorti du placard. Alors elle part en vacances dans un pays exotique, se changer les idées. Un peu trop, puisqu'elle se retrouve emprisonnée par Daech. Quittant sa petit vie de bimbo gâtée, elle va découvrir l'enfer d'une chambre où elle est retenue prisonnière, entourée de femmes, victimes de terribles sévices.
Ce roman est d'une ironie mordante, avant de basculer progressivement dans le sordide. On comprend bien que la fiction rejoint la réalité, que ce que nous décrit Eli Flory pourrait être le témoignage d'une de ces victimes de Daech.

Wild Fell (Michael Rowe)

note: 5Un coup de coeur fantastique Comité de lecture adulte - 3 janvier 2017

Dans les années 1800, la famille Blackmore construit sa maison, Wild Fell, sur Blackmore Island qui se trouve sur le Devil's lake. Depuis la mort des deux faux jumeaux, l'île semble hantée par la jeune fille, Rose amanda. Celle-ci devient l'amie imaginaire du jeune Jameson et le possède.
Très bon thriller. Entre l'île hantée, les possessions de Jameson et les abus de Mr Blackmore sur sa fille, tout est réuni pour en faire un très bon livre.

33 révolutions (Canek Sanchez Guevara)

note: 3Roman posthume Comité de lecture adulte - 3 janvier 2017

Le mal-être d'un trentenaire cubain, un mal-être assez universel mais qui s'inscrit sur fond de société cubaine. On le suit au quotidien, entre son travail, sa recherche de sens, l'alcool, la ville, jusqu'au moment où il dit publiquement non... Et bien sût cela finit mal !
Un texte très court, très rythmé, très resserré et avec une dimension poétique : un joli livre mais un livre assez désespéré. L'éditeur a complété ce texte par un certain nombre d'articles qui dessinent le portrait de l'auteur, petit-fils de Che Guevara.

Les corps de Lola (Julie Gouazé)

note: 3Une femme et ses différentes facettes Comité de lecture adulte - 3 janvier 2017

Lola est une femme. En elle se combattent deux Lola : Une bleue, discrète, sérieuse, amoureuse, préférant les vêtements confortables; et une rouge, libertine, qui aime voir l'admiration dans les yeux de son amant, être cette femme sexy et fatale et porter des talons et des strings. A travers le personnage de Lola, c'est l'histoire de toutes les femmes, de toutes celles qui jonglent entre leur rôle d'épouse, de mère etc. C'est l'histoire aussi de la fatigue du corps, de la vieillesse.
Avec un style fluide et poétique, ce récit se savoure très vite.

Désorientale (Négar Djavadi)

note: 5Une des plus belles découvertes de cette rentrée littéraire Comité de lecture adulte - 5 décembre 2016

Dans une salle d'attente d'un hôpital parisien pour une insémination artificielle, on rencontre Kimia, perdue dans sa mémoire et ses souvenirs. Iranienne ayant dû s'enfuir en France à 11 ans, elle nous livre son enfance, l'histoire de sa famille, celle de son pays recoupée avec l'histoire, pour en arriver à l’événement...
C'est une manière d'en apprendre plus sur l'Iran, ou du moins d'un Iran d'autrefois qu'on connaît peu, voire pas, nous, français.
On peut aussi le lire comme une saga familiale, tant les personnages de cette famille ont une grande place, sont attachants et fascinants, parfois, on a peur pour eux.

Watership Down (Richard Adams)

note: 4Des lapins pas comme les autres Comité de lecture adulte - 5 décembre 2016

Une aventure de lapins qui ont des problèmes de lapins dans une société de lapins. L'un des plus grands classiques et best-sellers de tous les temps.

Beaux rivages (Nina Bouraoui)

note: 5Un coup de coeur Comité de lecture adulte - 5 décembre 2016

Un magnifique roman qui traite du sujet douloureux de la séparation.

Chanson douce (Leïla Slimani)

note: 5Une chanson douce que me chantait ma nounou... Comité de lecture adulte - 1 décembre 2016

L'histoire débute par un drame. Et pour le comprendre, il faut remonter quelques temps en arrière, quand Myriam souhaite reprendre son boulot d'avocate. Avec son mari, ils décident de prendre une nounou, suivant des critères bien précis, pour garder leurs deux enfants. Ils retiennent la discrète et douce Louise qui, petit à petit, se montre indispensable à la mécanique de cette famille. Pour le meilleur mais aussi pour le pire ...

La psychologie des personnages est hautement bien réalisée, en particulier celui du couple. Louise, la nounou, est mystérieuse et fascinante à la fois. On se laisse porter par la plume soignée de l'auteur, et par l'histoire, qui se lit comme un thriller, avec un suspense un peu lourd et captivant.

Celui-là est mon frère (Marie Barthelet)

note: 5Un petit trésor Comité de lecture adulte - 1 décembre 2016

Dans une ambiance digne des mille et une nuits, un jeune chef d’État retrouve son frère, après dix ans d'absence. Il replonge dans ses souvenirs d'enfance pour puiser dans le bonheur passé d'une relation fraternelle fusionnelle. Car si son frère est de retour, c'est pour oser l'affronter, devenir figure de la Révolution et défendre les droits d'une minorité injustement laissée de côté par son gouverneur. Comment cela va-t-il se finir ?

Ce court récit, raconté d'une seule voix par le personnage du chef d'Etat qui s'adresse à son frère, est puissant et envoûtant. Ça se déguste comme un conte, on est emporté par la poésie et la fluidité de l'écriture jusqu'à la fin. Le thème du sentiment fort de la fraternité est bien exploité. Il m'a rappelé l'histoire de Moïse et de Ramsès, et sûrement que cette référence biblique n'est pas due au hasard.

C'est l'un des petits trésors de cette rentrée littéraire !

Les mains lâchées (Anaïs Llobet)

note: 4Au coeur du typhon Comité de lecture adulte - 1 décembre 2016

Une journaliste se trouve aux Philippines lorsque le typhon Yolanda s'abat sur la pays. Malgré les pertes et le traumatisme qu'elle subit, elle doit assurer son rôle de journaliste.

Le sentiment de désordre, de brutalité est omniprésent dans le roman. On se sent déboussolé, comme perdu nous aussi au milieu des décombres, de l'eau, des cadavres. Un roman poignant qui nous plonge au cœur du typhon et de son après.

La faim blanche (Aki Ollikainen)

note: 4La révélation finlandaise Comité de lecture adulte - 1 décembre 2016

Une grande famine dévaste la Finlande en 1867. Marja abandonne son mari mourant et sa ferme ; elle a décidé de rejoindre, avec ses deux enfants, Saint-Pétersbourg où le pain ne peut manquer puisque le Tsar y vit, pense-t-elle. La route sera longue et funèbre. Tandis que la population se transforme en mendiants, la classe aisée ne vit pas de telles préoccupations ; un sénateur fait même des projets économiques pour l'avenir.

De la poésie et une belle écriture qui atténuent l'horreur de la situation. De belles descriptions de la nature en hiver. Montre la volonté de vivre à tout prix.

McCurry, NY 11 septembre 2001 (Jean-David Morvan)

note: 511 septembre Comité de lecture adulte - 7 novembre 2016

Steve McCurry est devenu photographe de guerre «par hasard». 10 septembre 2001, il rentre du Tibet et retrouve NY où il vit depuis 35 ans. Il se doit de témoigner du chaos qui envahit la ville dès le lendemain. Ces images lui rappellent celles qu’il a vues pendant ses voyages.

Très bel album mêlant des dessins, des photos. Une fiction qui essaie d’être le plus près possible de la réalité. Témoignage du monde actuel et de ses habitants «qui basculent du siècle d’avant au jour d’aujourd’hui».

La loterie (Miles Hyman)

note: 5tiré au sort ? Comité de lecture adulte - 7 novembre 2016

Dans un village de la Nouvelle-Angleterre, ce 26 juin, la vie suit son cours : les hommes travaillent, coupent du bois ou travaillent au jardin, les femmes sont occupées par les tâches ménagères, les enfants sont un peu oisifs, les vacances viennent de commencer mais la tension est perceptible. Le 27, tout le village est sur la place pour participer à l’événement : chaque chef de famille participe par ordre alphabétique au tirage de la loterie qui a lieu tous les ans comme dans toutes les villes de la région. Mais qui sera désigné par le sort et quel sera l’enjeu ?

Miles Hyman adapte et illustre la nouvelle écrite par sa grand’mère en juin 1948 dans le New Yorker. L'histoire, passionnante, de cette nouvelle et de ses conséquences, est racontée à la fin de la BD.

Belles couleurs, dessin simple et minimaliste au service d’une histoire très dérangeante. Rythme lent rendu par de grandes planches composées comme des tableaux peignant le décor, l’ambiance : la banalité du quotidien et la tension au travers des portraits des habitants et des rues du village. Peu de texte. L’issue n’est dévoilée que dans les dernières pages.

La déconfiture n° 01 (Pascal Rabaté)

note: 4guerre et bd Comité de lecture adulte - 19 octobre 2016

Amédée a été désigné et laissé en arrière pour attendre la Croix Rouge qui doit enterrer les morts, suite à un bombardement allemand. Il aura du mal à rejoindre son unité en compagnie d’André du 35e régiment, trouvé sur la route.
Dessin en noir et blanc, simple mais très expressif et efficace.
La seconde guerre mondiale vue du côté de l’armée et du côté de la population alors que la France est submergée par l’avance allemande.

Mystery society (Steve Niles)

note: 2comics Comité de lecture adulte - 19 octobre 2016

Parus intialement en 2011, les éditions Jungle compilent les six numéros, y ajoutant un macaron pour surfer sur le succès de Saga. Saga, l'un des derniers grands succès du comics et de la BD de science-fiction est illustré par Fiona Staples, qu'on retrouve ici. Pour Mystery Society, c'est Steve Niles qui en signe le scénario, habitué de séries horrifiques et fantastiques.

Nick et Anastasia dirigent la Mystery Society, une organisation qui cherche à dévoiler les secrets mystiques et autres mensonges de l'histoire. Pour cela, elle recrute deux jumelles noires dotées de pouvoirs psychiques détenues depuis 50 ans, une morte vivante et Verne, le cerveau de l'écrivain conservé dans un robot. Ensemble, ils vont se heurter au gouvernement américain, qui veut conserver ses petits secrets surnaturels, et se dépêtrer d'une manipulation médiatique contre eux.

La personnalité de nos deux héros est affirmée, l'humour est présent et cela ne manque pas d'action. Les dessins sont précis, vifs et rehaussés par des couleurs claires. Mais ce ne sont que quelques qualités, qui permettent de passer un bon moment, mais qui ne permettent pas de distinguer cette bande-dessinée.

Tout est finalement assez convenu. Ce ne sont pas les organisations paramystiques qui manquent dans le genre ou d'un gouvernement pas très gentil qui veut mettre des bâtons dans les roues des héros. Tout est trop précipité pour qu'on s'intéresse aux personnages, de toute façon trop rapidement esquissés pour qu'on s'y attache, et, au final, cette société du mystère manque cruellement de personnalité.

Iroquois (Patrick Prugne)

note: 3québec Comité de lecture adulte - 19 octobre 2016

Patrick Prugne nous propose un voyage dans l'Histoire, et en particulier, lors d'une période qu'on ne connaît pas si bien que ça. On suit Samuel de Champlain, fondateur de Québec sous les ordres du Roi Henri IV, qui part en guerre contre l’Iroquoisie, afin de rassurer ses alliés et poursuivre son commerce dans de bonnes ententes.

Cet aspect historique est intéressant, ce n'est pas spécifiquement un épisode connu, cependant, il ne va pas non plus me marquer (ce qui est totalement personnel).

Pour moi, le grand intérêt de cette bande-dessinée, c'est la qualité de l'illustration : de belles planches qui vous coupent le souffle, des couleurs dans le style de l'aquarelle, une impression un peu de flouté, on est captivé par les paysages, l'ambiance, l'angle de vue nous permet même de sentir de la tension, quand les deux armées se rencontrent sur le fleuve..

Comment tu parles de ton père (Joann Sfar)

note: 4Un lourd passé Comité de lecture adulte - 17 octobre 2016

En 150 pages qui se lisent avec délice, Joann Sfar nous livre sa vie, récit provoqué par la mort de son père. Sa mère morte alors qu’il avait 3 ans ; son père beau, intelligent et charismatique, ses grands-parents, son ex-femme, toutes ces personnalités qui l’ont construit ; la religion et les traditions qui sont un poids mais aussi une richesse pour un Juif. Derrière les phrases drôles et la dérision, on sent les larmes mais la vie continue… J’ai beaucoup aimé ce livre.

Amour monstre (Katherine Dunn)

note: 5Une famille très spéciale ... Comité de lecture adulte - 17 octobre 2016

Al a hérité d’un cirque de phénomènes de foire. Il concocte des mélanges drogues-produits radioactifs à sa femme Lil pour que leurs enfants soient aussi des « monstres ». Naissent Arturo , homme-tronc aux nageoires de poisson, des siamoises, Olympia la narratrice, naine-albinos-bossue, et Chick qui semble un « normo » et qu’ils veulent abandonner, mais qui se révèle être un puissant télékinésiste. Le succès grandit, la fratrie aussi et Arturo prend le pouvoir sur le cirque et toute la famille.
J’ai beaucoup aimé ce livre plein de verve et complètement décalé. Qui pose aussi des questions sur la normalité, l’eugénisme, mais aussi l’amour et les problèmes de famille. C’est, il me semble, le livre d’une époque où l’on pouvait écrire sans tabous .

La vie est faite de ces toutes petites choses (Christine Montalbetti)

note: 4Un voyage dans l'espace Comité de lecture adulte - 17 octobre 2016

Le 8 juillet 2011, la navette spatiale américaine Atlantis décolle du centre spatial Kennedy en Floride. Elle restera jusqu'au 21 juillet dans l'espace. Pour ses quatre occupants, mais aussi pour bon nombre de personnes, c'est un moment fort : il s'agit du dernier vol du programme de navettes spatiales américaines. Initié en 1981, il aura connu une centaine de vols, mais ne s'est pas révélé suffisamment compétitif.

C'est donc le sujet dont s'empare l'auteure, qui tient à se rapprocher au plus près de la réalité, à proposer un documentaire le moins romancé possible.Tout ce qu'elle nous présente doit être vérifié, et elle nous explique, en différents moments, son processus créatif.

Il serait donc possible de craindre une certaine lourdeur, un descriptif indigeste car sans âme. Les 80 premières pages sont à ce sujet difficiles, car il faut endurer le récit des préparatifs, peut-être un peu trop pressés que nous sommes de partir, nous aussi, dans l'espace. Peut-être aussi qu'il s'agit aussi pour Christine Montalbetti de trouver son rythme de croisière, son ton. Mais une fois la navette, et donc le livre, lancés, c'est un livre très agréable.

Documenté mais léger, le dernier roman de Christine Montalbetti ne nous fait pas seulement découvrir comment se déroule un voyage spatial, il nous le fait vivre. Pas en nous abreuvant d'informations, mais en écrivant un livre qui dégage une personnalité surprenante et rafraîchissante.

Une bouche sans personne (Gilles Marchand)

note: 4Une cicatrice intrigante Comité de lecture adulte - 17 octobre 2016

Tous les soirs, après son travail, un homme rencontre ses amis Sam et Thomas au café de Lisa. Personne ne connaît son histoire mais une cicatrice le marque «de sa lèvre inférieure jusqu’aux tréfonds de sa chemise », trace de l’histoire qu’il tente de cacher avec une écharpe, jusqu’au jour où il renverse sa tasse de café ; ses amis le poussent à dévoiler son histoire.
De la poésie, de l’humour pour traiter de nombreux sujets graves : les marques de l’histoire, les relations entre les générations, l’amitié, la différence et une philosophie de la vie qui permet de transformer la réalité pour la supporter.

Sans bagage (Clara Bensen)

note: 3Un voyage peu ordinaire Comité de lecture adulte - 12 septembre 2016

D'après une histoire vraie, Claire raconte sa rencontre avec l'énergique et original Jeff. Au bout de quelques semaines, ils décident de se lancer dans une grande aventure, à savoir, partir à l'étranger sans bagage, ni réservation d’hôtel, ni de programme établi.
C'est un livre qui se dévore facilement, que ce soit pour le voyage dans des conditions pour le moins inhabituelles, ou pour cette attachante histoire d'amour. De même, l'authenticité du récit est un plus, pour ma part.
Une bonne lecture de détente.

L'art de la marche (Olivier Bleys)

note: 5Un tour du monde à pied Comité de lecture adulte - 12 septembre 2016

Olivier Bleys avait à coeur d'entreprendre un jour un tour du monde à pied, et d'en transcrire ses réflexions, ses émotions, ses rencontres et ses coups de coeur. Depuis l'été 2010, c'est chose faite. L'auteur a rempli son sac à dos, trié ses cartes et a pris le chemin vers l'est. Premier périple : l'Europe de l'Est en passant par l'Italie, la Croatie, la Hongrie. Au fil de ses pérégrinations, le marcheur, seul ou accompagné, note dans son carnet réflexions, pensées, remarques pratiques et nous les offre, dans une langue alerte, dynamique et poétique.
Il nous fait ainsi partager ses rencontres, ses émerveillements face à des paysages inattendus, ses imprévus drôles ou malheureux.

Un récit chaleureux, vivant et enthousiaste, empreint de philosophie contemplative.

33 chambres d'amour (François Emmanuel)

note: 5Fantaisies amoureuses et érotiques Comité de lecture adulte - 12 septembre 2016

Une trentaine de rencontres féminines, chacune nommée par sa profession, et découverte, aimée, en l'espace d'une ou deux nuits.
Sous la forme de fantaisies, petits chapitres de deux ou trois pages chacun, se succèdent les rencontres fortuites de ces femmes, toutes différentes et toutes aimées. Des touches d'érotisme, de la poésie, de l'humour et de la beauté, tels sont ces digressions particulières et amoureuses.

Beaucoup d'originalité et d'esprit dans ces courts textes parfumés.

Dodgers (Bill Beverly)

note: 4Roman policier américain Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

East, 15 ans, est chef des guetteurs d'une taule, dans un ghetto de Los Angeles. Une taule; une planque pour passer la drogue, aux mains d'un chef dealer. La planque va sauter un matin, les flics déjouant alors le travail de l'équipe des guetteurs. Une jeune fille de dix ans sera la victime innocente des coups de feu réduisant la taule à des murs percés.
East est accusé de la perte de cette taule par son chef Fin. Celui-ci l'envoie avec d'autres, pour payer sa peine, jusque dans le Wisconsin, à 1300 km de là, à bord d'un vieux monospace. Objectif: tuer le juge de l'affaire, témoin compromettant.
De Los Angeles au Wisconsin, un roman au rythme haletant, vécu comme un voyage initiatique, sous fond d'intrigue dont le déroulement prend des tournures surprenantes.


Premier roman de l'auteur, il surprend par le rythme et la densité de l'intrigue comme par la qualité de l'analyse des protagonistes. D'une grande qualité littéraire comme narrative, il démontre le talent d'un nouvel écrivain à suivre...

Snjor (Ragnar Jo?nasson)

note: 3Roman policier islandais Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Ari Thor, jeune policier, est affecté à Siglufjördur, petit port de pêche au nord de l'Islande, uniquement relié au reste de l'île par un long tunnel creusé dans la montagne, souvent inaccessible. Il doit abandonner sa fiancée, étudiante à Reykjavik, qui va lui reprocher durant des mois sa décision de partir si loin sans son avis préalable.

Siglufjördur est réputé pour être un village très calme, où il ne se passe jamais rien... Jusqu'au jour où deux morts consécutives semblent liées et ressembler plus à des meurtres qu'à des suicides... Ari Thor, en permanence chapeauté et brimé par son chef, va mener l'enquête et parfois outrepasser les directives, en bravant les tempêtes de neige incessantes, coupant le village du reste de l'île. Sa rencontre avec une jeune artiste qui lui propose des cours de piano va interférer sur l'enquête et perturber la relation qu'Ari Thor essaie de maintenir à distance avec Kristin, sa fiancée.

Le personnage du protagoniste est complexe, alternant entre un comportement timoré et perpétuellement en questionnement quant à sa vie privée sentimentale, et une réflexion téméraire et perspicace sur la double enquête à mener. Même si le personnage en devient attachant, il convainct difficilement le lecteur et manque de dynamisme.
L'intrigue manque parfois de rythme, certains indices sont apportés à la fin de l'histoire et frustrent alors le lecteur. Pourtant, le roman, composé comme un véritable huis clos à l'islandaise, dégage une sorte d'angoisse clostrophobique, accentuant le malaise collectif des villageois face aux deux morts inhabituelles.


Un premier roman policier qui manque un peu de densité et d'amplitude quant au rythme narratif et au déroulé de l'intrigue. Son dénouement laisse à penser qu'une suite sera apportée à ce premier polar. Souhaitons qu'elle sera plus convaincante...

Ouvrier, mémoires sous l'Occupation n° 01 (Bruno Loth)

note: 5Bande dessinée, chronique sociale historique Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

S'inspirant des mémoires de son père Jacques Loth, ainsi que de photos d'époque familiales – reproduites dans les dossiers documentaires proposés à la fin de chaque volume- , l'auteur retranscrit en images une période charnière de la vie de celui-ci.

Le premier volume décrit les années 1938-1940 à Bordeaux. Jacques est ouvrier aux chantiers maritimes de la ville et profite encore des acquis du Front Populaire. C'est l'époque des Auberges de Jeunesse. Mais il assiste à la débâcle de 1940, et au départ de son frère Marceau pour le STO.
Le deuxième volume voit la ville de Bordeaux occupée par les troupes allemandes. Jacques tente de survivre avec sa famille malgré l'occupation. Il fait la rencontre d'une jeune femme, Jacky, qui deviendra son épouse.

Chronique sociale historique et également chronique familiale, ce roman graphique mêle petite et grande histoire. La composition de l'image est rendue par un dessin réaliste et des couleurs plutôt sombres et neutres afin de rendre l'esprit de l'époque.
Les dossiers documentaires historiques complètent les informations sur la vie quotidienne à Bordeaux durant la Seconde Guerre Mondiale.

Les fils d'El Topo n° 01
Caïn (Alexandro Jodorowsky)

note: 4Bande dessinée, trilogie, entre Genèse et humour noir décalé Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

A la croisée entre racines bibliques et humour noir sordide, un récit graphique sur les destinées familiales singulières d'El Topo et de son fils Caïn.
El Topo, au départ bandit de grand chemin en plein Texas désertique caniculaire, y abandonna son fils Caïn. Celui-ci devenu adulte, parti à la recherche de son père pour l'éliminer, le trouva et comprit qu'il était devenu un saint, et donc immortel...

Mêlant scènes aux références bibliques, connotations pornographiques et orgies sexuelles et western décalé, cette première partie du tryptique prévu surprend par son originalité et déroute le lecteur qui s'y reprend à plusieurs fois pour décrypter les messages portés par les auteurs...
Les niveaux de lecture sont multiples, et le scénario proposé relève d'une invention plutôt “déjantée”, au départ destiné au grand écran.

Un tout petit bout d'elles (Zidrou)

note: 5Une chronique sociale et culturelle du Congo d'aujourd'hui Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Congo, de nos jours.

Ce roman graphique se revendique de deux sujets importants: l'excision en Afrique et dans le monde, et la déforestation intensive dans le pays orchestrée et gérée par les Chinois.
Deux sujets inscrits dans une même histoire, et traités avec talent, sans voyeurisme ni ostentation.
Yve, jeune chinois employé dans l'entreprise de déforestation, rencontre régulièrement une jeune femme congolaise, mère de deux enfants, dont une petite fille de 7 ans. Honteuse d'avoir été mutilée dans son enfance, Antoinette tente de lui cacher son excision. C'est par le dessin qu'elle essaie de dépasser cette mutilation définitive qui l'a profondément marquée étant petite.
Elle confie à Yve sa douleur et sa volonté farouche d'épargner sa propre fille de cette pratique culturelle destructrice.
Pourtant, alors qu'Antoinette et Yve sont occupés à leur emploi respectif, la petite Marie-Léontine est conduite par l'une des tantes vers un endroit retiré de la ville. Un ami surprend le stratagème et tente de prévenir sa mère...

Le thème étudié ici est rarement prisé en littérature. A l'histoire se joint un dossier documentaire sur la pratique de l'excision à l'heure actuelle en Afrique et dans le reste du monde.

La thématique de la déforestation en Afrique est également développée, sous un angle intéressant.

Runner (Patrick Lee)

note: 5Un très bon thriller d'action qui se dévore rapidement ! Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Depuis quelques temps, Dryden, un ancien militaire au cœur tendre, va courir la nuit sur la jetée, au bord de l'océan. Jusqu'à cette nuit où une jeune fille le percute sans le faire exprès. Très vite, il comprend qu'elle est poursuivie et en danger. A partir de ce moment, le rythme effréné de la course-poursuite commence jusqu'à la fin, nous emmenant sans nous poser de questions, vu qu'il n'y a aucun répit. C’est très bien fait, parce que le rythme est tenu jusqu'au bout, parce que l'histoire est cohérente (on parle de transformation génétique) sans être tirée par les cheveux, parce que les personnages sont attachants et fascinants (surtout Rachel – enfin une héroïne adolescente pas capricieuse, forte et fragile à la fois).

Les ravagé(e)s (Louise Mey)

note: 2Un roman où les rapports sociaux hommes-femmes sont inversés Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Le synopsis de ce roman policier est très simple : la Brigade des Crimes et Délits sexuels enquêtent sur des agressions sexuelles faites sur des hommes. Et sur des hommes qui ont des choses à se reprocher. La réflexion sur le statut de victime est intéressante. Cependant, l'enquête piétine et la longueur s’installe très vite...pour un final prévisible ! Ce n'est pas le polar de l'année !

O vous, frères humains (Luz)

note: 5Un roman graphique d'une densité émotionnelle époustouflante Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Albert Cohen, sur les derniers jours de sa vie, se remémore le jour de ses dix ans.
Des images encore pleines d'émotions remontent à la surface de ses pensées.
Lui reviennent les images terribles de la honte et de l'humiliation subies ce jour-là.
L'enfant juif, objet des harcèlements et des rires des adultes, se questionne sur sa propre identité et le bien-fondé de ces méchancetés. Profondément meurtri et bouleversé, l'enfant tente d'échapper à la cruauté humaine.
S'inspirant d'une des oeuvres d'Albert Cohen qui l'avait profondément troublé alors qu'il était plus jeune, le dessinateur Luz évoque dans cette oeuvre le jour des dix ans de ce grand écrivain.
Luz sait admirablement retranscrire l'émotion de l'enfant comme la cruauté de l'espèce humaine à travers un dessin d'une créativité exceptionnelle. Il mêle parfois les deux personnages; inscrivant le buste de l'enfant à l'intérieur du cerveau du vieillard pour évoquer le travail de mémoire.
Le dessin est d'une telle densité dans l'expression des sentiments que la rareté du texte ne nuit pas à la compréhension de l'histoire.

Roman graphique d'une densité émotionnelle époustouflante, sur un sujet encore sensible et d'actualité.

Spada (Bogdan Teodorescu)

note: 5Un polar à la découverte de la vie politique et médiatique roumaine Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Une série de meurtres est enregistrée à Bucarest. Ils ont tous pour victimes des roms ayant un casier judiciaire. Qui sont tués de la même façon: un coup de poignard dans le cou.
Les médias roumains s'emparent de l'affaire. Le monde politique sent la tension monter, en jouant le jeu du déni face à la population. Mais ces meurtres en série prennent rapidement une connotation politique importante, visant l'une des minorités éthniques du pays: les tziganes. Affaires de corruption, manipulation des médias; cette affaire de meurtre suffit à mettre en péril les pouvoirs politiques en place, en favorisant la montée au pouvoir d'un parti nationaliste de plus en plus influent.
L'auteur est journaliste de formation et professeur de marketing politique dans son pays. Il nous montre comment, dans un pays libéré depuis peu d'un régime communiste mené par la dictature de Ceaucescu, la corruption des politiques et de la justice ainsi que l'ingérence des médias ont plein pouvoir. Encore fragilisée par sa situation politique au coeur des Balkans, la Roumanie souffre aussi de ses diversités raciales et sociales inhérentes à son histoire culturelle.

Un polar dans lequel l'intrigue policière est surtout prétexte à une découverte de la vie politique et médiatique actuelle de la Roumanie. Très intéressant.

Pourquoi Tokyo ? (Agathe Parmentier)

note: 3Il n'y a pas que des cerisiers en fleurs et des gros yeux mignons au Japon Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Après des études de droits et de sciences politiques, Agathe Parmentier est partie vivre au Japon en 2014. Elle raconte sa vie, son acclimatation, la découverte de ce pays qui semble à la fois familier mais pourtant si exotique.

Depuis quelques années, de plus en plus de Français décident d'aller au Japon, et d'écrire leurs ressentis. De nombreuses BD sont ainsi sur ce sujet. C'est parfois intéressant, mais le plus souvent c'est mielleux, trop souvent consensuel, un album de photos de vacances ensoleillées qu'on présente à l'imprudent lecteur. Dans le cas qui nous intéresse, la démarche d'Agathe est différente à de bien nombreux aspects.

D'abord de par sa personnalité. C'est une solitaire, qui se socialise du bout des doigts. De plus, elle est lucide sur certains points négatifs du Japon, qui écrase l'individu, qui refoule aux marges l'inadapté ou qui a un problème de considération de la femme. Il n'y a pas que des cerisiers en fleurs et des gros yeux mignons au Japon, et elle en fait part.

Ensuite, sa démarche est différente. Elle désire y vivre, elle veut s'acclimater, découvrir, mais sans perdre ce qui ferait son identité française. Pour ça, elle doit occuper des petits boulots, tels que traductrice ou figurante, ce qui nous permet un éclairage un peu différent du gaijin en terres japonaises.

Bien sur, certains passages sont obligés, tels que la découverte – à contre coeur- des karaokés, des toilettes japonaises ou des salary-men qui traînent dans les bars après le travail. Mais c'est observé avec une certaine lucidité, de distance et beaucoup d'humour.

Les différents chapitres de ce livre proviennent du blog de l'auteur, remaniés et complétés. Et ça se lit bien. Mais on dirait qu'il manque de relecture, quelques tics de l'auteur, comme ces phrases inutilement compliquées, ressurgissent au fil de la lecture. Et, il faut bien l'avouer, ce n'est pas réalisé avec un style d'une grande évocation, qui nous transporterait. C'est parfois un peu plat.

Il n'en reste pas moins que c'est un livre agréable à lire, qui nous permet de découvrir le Japon sous un angle un peu différent.

Les tribulations du camarade Lepiaf (Arthur Koestler)

note: 4Le témoignage grinçant d'une Allemagne en danger Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Ce roman inédit écrit en 1934 par l'écrivain du célèbre Le Zéro et l'infini, met en scène des enfants allemands abandonnés par leurs parents – trop pauvres ou déjà envoyés en camp de concentration - , réunis dans un foyer français, l'Avenir.
Livrés souvent à eux-même dans ce foyer plutôt particulier, les enfants organisent leur vie en créant des comités, et en instituant leur propre tribunal.
Inscrit dans un contexte historique cynique et prémice des tragédies à venir, l'auteur fait de cette histoire loufoque et étrange une métaphore qu'il faut lire à plusieurs niveaux.

Les tifs (Charles Stevenson Wright)

note: 4Un roman affûté comme une lame Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Avant toute chose, précisons le nécessaire. Les Tifs se passe dans un Harlem des années 1960, qui se rapproche du notre mais en diffère. L'auteur, Charles Stevenson Wright, est noir, tout comme son personnage principal. Il a écrit ce livre en 1966. L'avant-propos du traducteur évoque une auto-fiction dystopique. C'est dire si lire ce livre est à la fois plonger dans un univers qui nous semble proche mais aussi différent.

Lester est noir. Il vit dans un immeuble miteux, rempli de personnages excentriques et inconscients de leur triste sort. Lester en a marre d'être en bas de l'échelle, de devoir se contenter de peu, dans une société où les noirs sont rabaissés. Il a les cheveux crépus. Il va se lisser les cheveux avec une lotion supposément miracle, le Silky Soath, pour devenir un peu moins noir, un peu plus blanc. Avec ses nouveaux tifs sur la tête, il va décider de s'imposer et de rencontrer la gloire et la belle-vie. Ce ne sera pas aussi simple.

C'est donc un roman qui a les pieds dans la ségrégation raciale des années 1960. Même s'il s'agit bien d'une dystopie, grâce à quelques touches irréelles mais cohérentes avec le ton du livre. La réalité n'est pas loin, la critique est sévère. La société américaine ne peut pas laisser sa place aux noirs de l'époque, et encore moins à ceux qui seraient prêts à sacrifier leur identité noire.

C'est un livre amer, mais écrit avec une certaine poésie, une poésie peut-être suintante, urbaine, sale. Ce sont des répliques parfois grandiloquentes d'ambition, des monologues d'un grand désespoir, des descriptions de décors et de personnages abîmés.

C'est un livre qui est un coup de poing adressé à son personnage principal, mais aussi à notre réalité. L'auteur, de milieu très modeste, n'écrira que trois livres, détestés par la critique de l'époque, seulement reconnus aujourd'hui. C'est trop tard, il survivra dans la misère toute sa vie avant de mourir dans un hospice en 2008.

Le fleuve des brumes (Valerio Varesi)

note: 4Un roman sombre comme le fond d'un fleuve Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Nord de l'Italie. Dans des conditions météorologiques plutôt mauvaises – il pleut depuis des jours sans relâche …...-, la péniche d'un batelier part à la dérive en pleine nuit. Elle est retrouvée sans son chauffeur au matin. Le frère de cette victime, un homme également âgé, est défenestré quelques heures plus tard. S'agit-il d'un suicide ou d'un meurtre? Qu'est devenu le batelier de plus de quatre-vingt ans qui a toujours su maîtriser parfaitement sa péniche?
L'enquête, menée à nouveau par le commissaire Soneri, va déterminer que ces deux frères ont œuvré pendant la guerre dans la milice fasciste. Leur passé trouble semblerait rattraper les deux vieillards...

Une nouvelle enquête du commissaire Soneri, qui ne manque pas d'envergure, dans laquelle les empreintes historiques sombres de l'Italie resurgissent sans complaisance.

Le contrepied de Foé (Laurent Galandon)

note: 3Les dessous de la FIFA Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Le contrepied de Foé ou la mise en lumière d'un système trop peu souvent abordé : le recrutement, par de faux agents de la FIFA, de jeunes africains, à qui ils font miroiter l'entrée dans de prestigieux clubs de football. Pour se payer leur billet d'avion, les familles et le village s'endettent... et perdent tout, car les jeunes sont abandonnés à leur triste sort par les passeurs, une fois l'argent empoché et la douane franchie.

La légèreté (Catherine Meurisse)

note: 5Un retour émouvant sur les attentats de Paris Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Catherine Meurisse est pour moi l'un des plus grands auteurs de bande-dessinée actuelle. Avec des livres tels que Mes hommes de lettres ou Le Pont des Arts, elle fait sortir les grands auteurs et les grands artistes de leurs livres et des musées. Elle instruit sans lasser, grâce à son ton érudit mais toujours piquant.

Mais Catherine Meurisse a aussi été dessinatrice de presse pour Charlie Hebdo, de 2005 à 2015. Elle échappe de peu au terrible attentat des frères Kouachi (qu'elle baptise les frères Kichi) le 7 janvier 2015 parce qu'elle a manqué son réveil. Un coup de chance, ou peut-être pas, car elle va devoir apprendre à vivre sans ses amis et ses collègues, et surtout dépasser ce terrible choc psychologique pour se reconstruire, en tant que femme et en tant qu'artiste. Elle veut retrouver sa « légéreté », qui est le titre de cet album.

C'est avec cette « légéreté » que j'envisageais Catherine Meurisse, mais cette BD bouleverse certaines de mes habitudes. Elle fait preuve d'une grande sensibilité, elle se met à jour avec une grande sincérité, et malgré tout, toujours cette pointe d'humour qui perce. Rire pour survivre. Mais aussi, si je la voyais plus comme une raconteuse qu'une illustratrice, avec son trait simple, je me rends compte que sa façon de dessiner est à l'image de sa personnalité, agile mais fragile. Certaines pages sont de plus très belles, comme celles qui ouvrent ce livre.

L'oeuvre ici présente de Catherine Meurisse est donc un émouvant témoignage de ce qu'elle a pu ressentir, de ce qu'elle a pu souffrir, avant de trouver un moyen de réussir à garder la tête hors de l'eau, hors de la boucherie des attentats de 2015. Mais ce n'est pas accablant, il n'y a pas ce sentiment de voyeurisme qu'on pourrait trouver chez d'autres personnes qui se racontent. On ressent, car il y a de l'émotion, des larmes, des rires. Et parce que c'est aussi notre but à tous de retrouver cette « légéreté » qu'on a massacré en 2015.

Jazz Palace (Mary Morris)

note: 5Une saga musicale et rythmée Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

A Chicago, dans les années 1920 ; Bennet, jeune garçon juif de 15 ans, livre les casquettes de l’entreprise familiale dans les différents quartiers de la ville. C’est ainsi qu’il découvre une musique nouvelle, le jazz. Il est pianiste et très vite, va se passionner pour ce style, qu’il n’aura de cesse d’essayer de copier, même si ses parents lui interdisent de jouer de la musique de « nègre ».
Mais les noirs se méfient des blancs, refusant qu’on leur « vole » leur musique. Seul un trompettiste noir, Napoléon Hill, lui fera confiance, et ensemble, ils pourront jouer, découvrir la prohibition, braver Al Capone et la mafia.
Ils se produiront souvent au « jazz Palace », bar tenu par Pearl, jeune femme mélancolique et énigmatique, qu’il avait rencontrée alors qu’ils n’étaient que des adolescents lors du naufrage de l’Eastland, bateau qui a sombré dans la rivière en juillet 1915 et qui a fait 800 morts…
C’est un roman très bien documenté ; on est totalement immergé dans cette vie nocturne, autour de personnages attachants, voulant vivre de leur passion, malgré la pauvreté, le racisme, la prohibition, la violence.
Une belle leçon d’histoire et d’histoire musicale, surtout pour ceux qui se passionnent pour cette période de naissance du jazz, avec un habile mélange de fiction et de faits réels.

Jardin de printemps (Tomoka Shibasaki)

note: 5A la rencontre d'une maison mystérieuse Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Au coeur de Tokyo, dans un quartier en cours de démolition, des locataires d'une même résidence sont intrigués par une maison bleue de style occidental aux fenêtres subtilement décorées, et dont le jardin avec ses différents arbres délicats attire par sa douceur. Tarô et Nishi, sa voisine, vont faire connaissance et chercher à en savoir plus sur cette maison étrange et mystérieuse, si différente de l'habitat traditionnel japonais. Quels en furent ses habitants? Quelle est son histoire?
A la fois quête et cheminement contemplatif, ce roman rejoint l'esprit des mangas contemplatifs de Jirô Taniguchi (L'homme qui marche, Quartier lointain). On y ressent toute l'atmosphère intime des romans japonais dans lesquels la fragrance d'un arbre, l'âme d'une maison suffisent à eux seuls à constituer la densité et la tessiture d'une histoire.
D'une belle délicatesse.

De pourpre et de soie (Mary Chamberlain)

note: 5Une fiction historique coup de coeur Comité de lecture adulte - 5 septembre 2016

Londres, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Ada Vaughan, pleine d'ambition, rêve de devenir grande couturière et de créer sa propre entreprise. Amoureuse d'un gentleman d'origine énigmatique, elle part avec lui en France pour échapper à la misère familiale. Mais une fois arrivée à Paris, elle comprend peu à peu l'erreur d'avoir suivi cet homme sans vraiment le connaître. Pris soudain dans l'exode pour fuir les Allemands, ils partent tous deux en pleine nuit pour la Belgique, où Stanislas abandonne au petit matin Ada. Cette jeune femme anglaise va se retrouver seule dans un pays inconnu, sans ressources.
S'appuyant sur des sources historiques tout au long de son roman, l'auteure nous mène jusqu'en Allemagne nazie, au camp de Dachau. Ada prendra différentes identités, souffrira, subira l'humiliation mais fera preuve d'une ténacité et d'un courage hors du commun pour survivre, dans des conditions de vie déplorables. Le destin de cette femme émeut profondément, et l'épilogue de cette histoire en est d'autant plus bouleversant.

Mary Chamberlain dépeint avec grand talent un portrait de jeune femme prise dans l'étau de la guerre. Un destin qui a bien pu s'apparenter à beaucoup d'autres vies de femmes véritables pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Joyeux suicide et bonne année (Sophie de Villenoisy)

note: 5Un roman qui se lit d'une traite ! Comité de lecture adulte - 2 septembre 2016

Un petit bouquin qui fait du bien. Le lecteur est embarqué dans le compte à rebours de la narratrice qui a décidé de se suicider pour Noël. Il lui reste deux mois pour faire tout ce qu'elle s'était toujours interdit.
Jamais dans le pathos, l'auteur aborde avec humour et finesse les émotions de la solitude, du manque et de l'affirmation de soi.
Un vrai coup de coeur.

Vi (Kim Thuy)

note: 4Un récit très émouvant Comité de lecture adulte - 2 septembre 2016

Kim Thuy fait partie des millions de "boat people" qui ont fuit leur pays après la guerre d'Indochine. Après une traversée marquée par les meurtres et les viols, elle rejoint le Canada où elle fera de brillantes études.
Dans ce livre, elle revient sur son enfance en Indochine où elle a vécut jusqu'à l'âge de dix ans.
Fille de riches propriétaires terriens, enfant choyée par des parents qui sauront lui transmettre les valeurs de son pays, elle voit peu à peu son univers s'effondrer et son destin se bouleverser.

Le dédale du passé (James Scudamore)

note: 3Entre folie et réalité... Comité de lecture adulte - 2 septembre 2016

Japper Scriven habite un hôpital psychiatrique désaffecté. Ses propres souvenirs croisent ceux du personnel et des patients qui ont séjourné dans cet établissement.
Un roman assez déjanté, entre folie et réalité.

Space boulettes (Craig Thompson)

note: 4Une aventure intergalactique Comité de lecture adulte - 31 août 2016

Céra est couturiste. Grenn est un chasseur de nuggets, qui sont des crottes de baleines spatiales et qui servent de combustibles. Violette est leur fille. Leur vie n'est pas facile, précaire, et les baleines qui attaquent les stations spatiales n'arrangent rien. Grenn va accepter une mission délicate, dont il ne reviendra pas, et Céra va se retrouver bloquée dans une station : c'est donc à Violette et à ses curieux amis que revient l'honneur de sauver sa famille et, pourquoi pas, la galaxie.

Craig Thompson nous propose une aventure intersidérale pleine d'action et d'humour, de rencontres curieuses, et, pourquoi pas, d'un peu d'émotion. Le thème de la famille est central, mais l'épaisseur du livre permet à l'auteur de prendre le temps nécessaire pour faire avancer son histoire, sans tomber dans la mièvrerie. C'est naïf mais attachant, assez tendre, comme l'illustre si bien la couverture.

Cette trame générale se laisse lire avec un certain plaisir grâce à un trait de pinceau tout en courbes et en couleurs, avec des pages remplies de détails. L'auteur affiche son plaisir pour la mécanique, comme ces vaisseaux dessinés en coupe, et qui peuvent faire penser aux documentaires pour enfants. C'est différent de ce qu'il a pu faire auparavant. Mais c'est frais, coloré. C'est plutôt destiné aux adolescents, mais cet ouvrage graphique possède suffisamment de qualités pour qu'un adulte puisse se plonger dans ce monde coloré, vivant et amusant qui ne manque pas de profondeur.

Damien (Bibliothèque d'Auxerre)

Arthus Trivium n° 01
Les anges de Nostradamus (Raule)

note: 5Spiritisme et magie Comité de lecture adulte - 31 août 2016

France, fin du XVIe siècle. Au coeur d'un Royaume en proie aux guerres de religion, hanté par les procès de sorcellerie et les épidémies foudroyantes de peste bubonique, le grand médecin et prophète Nostradamus est sollicité pour venir en aide aux plus grands. Son âge fort avancé ne lui permettant plus de se déplacer, il a recours à trois jeunes disciples, deux hommes et une femme, qui parcourent le pays, bravent l'ennemi et les dangers pour élucider des énigmes inquiétantes.

La qualité extraordinaire du graphisme, des couleurs et de la mise en page contribuent à l'atmosphère inquiétante et angoissante des scènes et rend au mieux le cadre tourmenté d'une France encore presque médiévale où la misère côtoie le faste de la Royauté, dans un monde inscrit profondément dans la religion et le mysticisme.

La suite est vivement attendue.

Elisabeth

Roland est mort (Nicolas Robin)

note: 5Un héritage embarrassant Comité de lecture adulte - 25 août 2016

Roland est mort. Roland, c'est le voisin d'à-côté. Son voisin le connaissait à peine, on ne peut pas dire que ça lui fasse grand-chose de l'apprendre. D'ailleurs, on ne peut pas dire que grand-chose l'intéresse. Sauf qu'il va se retrouver avec le caniche défraîchi de ce voisin discret et découvrir qu'il lui a légué certaines affaires. Il va ainsi se retrouver avec son urne funéraire. Lui qui ne connaissait de ce voisin que son amour pour les disques de Mireille Mathieu qu'il entendait à travers la cloison.

Le narrateur se retrouve donc à devoir s'occuper de la mort d'un quasi-inconnu. Lui-même est au chômage, il a perdu l'amour de sa vie, il trompe l'ennui en regardant des films pornographiques. Il a du mal à s'occuper de lui-même, il va devoir prendre en charge un fantôme. Il aimerait se débarrasser de ce chien, de cette urne, mais personne n'en veut. Un peu comme lui.

Roland est mort se lit d'une traite. Parce que ce livre est drôle, vif, relevé. Il n'y a pas de grands sentiments déployés, mais une grande tendresse pour ces personnages un peu branlants, un peu cassés. C'est un livre qui plonge dans une grande misère à tous les niveaux, financière ou sentimentale, mais qui ne sert pas de discours moralisateur ou condescendant. L'humour est froid, mais redoutable.

Damien (Bibliothèque d'Auxerre)

Galina Pétrovna et son chien à trois pattes (Andrea Bennett)

note: 3Un roman dété alerte et drôle Comité de lecture adulte - 25 août 2016

Astov dans les années 90. Galina a trouvé une chienne dans la rue ; toutes deux vivent tranquillement entre un appartement dans un immeuble collectif et un potager. Vassia, voisin et président du club du troisième âge à la maison de la culture, fait des avances à Galina qui reste sourde. Mitia est exterminateur canin, très fier de son devoir, il accomplit sa tâche avec beaucoup de sérieux et de conviction. La vie suit son cours jusqu’au jour où Mitia met la main sur Boroda – la barbichette - et l’envoie à la fourrière. Le soupirant se mêle de l’affaire. Tout vole en éclats. Tout sera bon pour récupérer Boroda et Vassia.

Bon roman d’été, alerte et drôle. Fin sans surprise. Permet de décrire la fédération de Russie sous Eltsine et toutes les vieilles habitudes qui permettent de survivre et qui ont la vie dure.

Hélène D.

Corps et âme (Matz)

note: 5Une intrigue haletante et surprenante Comité de lecture adulte - 25 août 2016

Frank Kitchen, tueur à gages américain, tombe dans un piège parfaitement inattendu lors de l'une de ses missions. Déstabilisé par sa nouvelle physionomie, il va réussir à se venger du médecin à l'origine de sa transformation et comprendre l'origine de ces pratiques réalisées sur sa personne.
Dans un cadre gore et noir, ces auteurs spécialistes du polar proposent une intrigue haletante et très surprenante. Un travail conséquent au niveau du graphisme et des couleurs.
One shot.

Elisabeth

Qui veut la peau de Vénus ? (Bruno-Nassim Aboudrar)

note: 4Enquête autour d'un tableau de Velasquez vandalisé par une suffragette Comité de lecture adulte - 22 août 2016

En 1914, à la National Gallery de Londres, le tableau de Velasquez « La Vénus au miroir» est attaqué à la hache par Mary Richardson, suffragette canadienne de 25 ans. Celle-ci entend, par ce geste, lutter pour l’égalité et le droit de vote des femmes en Angleterre.

L’auteur partage son roman en plusieurs parties ; la préparation et le passage à l’acte, la réparation, ce qui lui permet de faire une analyse très détaillée du tableau, l’enquête menée par le gardien du musée et son chef, et enfin une réflexion sur la finalité de ce geste, avec questionnement sur la manière dont on a perçu ce tableau dans la société aristocratique espagnole du XVIIe siècle (c’est le seul nu de Velasquez) et sur la signification de cet acte dans la société britannique du début du XXe siècle.
Dans cette dernière partie, c’est l’auteur qui parle par l’intermédiaire d’un de ses personnages fictifs, Miss Lyon, logeuse de Mary Richardson, qui a réuni autour d’une tasse de thé divers personnages, à la manière d’Agatha Christie, afin de résoudre l’énigme.

Ce récit est très bien mené ; beaucoup de descriptions précises. C’est très bien documenté. On prend ici connaissance d’une histoire méconnue d’une bataille féministe à travers une triple aventure : artistique, politique et sociale.
Nous avons donc un roman historique véridique, avec quelques personnages de fiction, et une véritable galerie de portraits (dont on voit les photos à la fin du livre).

Hélène P.

J'envisage de te vendre (j'y pense de plus en plus) (Frédérique Martin)

note: 3Nouvelles au style décalé Comité de lecture adulte - 22 août 2016

Douze nouvelles qui évoquent les travers et les problèmes de notre société dans un style décalé. Quelques pages incisives qui ouvrent la porte à une multitude de questions et de remises en cause.

J’ai bien aimé ce livre alors que je ne suis pas lectrice de nouvelles.

Dominique (Bibliothèque de Brannay)

Macaroni ! (Vincent Zabus)

note: 5Humain, sensible et touchant Comité de lecture adulte - 22 août 2016

Roméo est déposé par son père à Charleroi dans une vieille maison de mineur sans télé pour quelques jours. Le grand-père et le petit-fils ne sont pas enthousiastes : le gamin appelle son aïeul «le vieux chiant », le grand-père surnomme le vacancier « Stupidino ». Ils apprendront à se connaître et à expliquer l’histoire de la famille : la jeunesse du grand-père en Italie élevé par sa tante la famille étant trop pauvre, la guerre et la condition de prisonnier en Allemagne, puis le départ en Belgique pour faire vivre sa famille en travaillant à la mine avec ses conséquences… surtout le sentiment de toujours obéir.

Récit humain, sensible et touchant qui montre la difficulté de la parole dans la famille, la condition d’immigré et de mineur, la vieillesse. Plus généralement décrit la découverte de deux personnes de deux générations différentes.
Dessins simples et expressifs, couleurs fortes mais pas outrancières. Idée intéressante : les images de la mine en filigrane sont superbes.
Avec une belle préface de Salvatore Adamo.

Hélène D.

La fille du froid (Rupert Thomson)

note: 3Un roman pour les vacances Comité de lecture adulte - 22 août 2016

« La fille du froid » est un roman plutôt agréable : le rythme de l’écriture incite à ne pas le lâcher… tout comme la trame de l’histoire, et les personnages attachants.
Je l’ai lu très vite (ce qui ne relève pas de l’habitude chez moi…).

Cela dit, c’est un bon roman à lire pendant les vacances ou une journée de pluie, pour passer un bon moment… ce qui est déjà fort bien…. mais pas de quoi laisser un souvenir impérissable.

Patricia (Bibliothèque de Brannay)

Une question d'harmonie (Bérengère Le Caron de Chocqueuse)

note: 3Un roman tout en douceur, entre passé et présent Comité de lecture adulte - 27 juillet 2016

Avec cet ouvrage, vous passerez un moment agréable, certes, mais cette lecture ne demeurera pas en mémoire bien longtemps. Pour un premier roman l'auteur nous livre une histoire douce où les protagonistes se rencontrent, s'emmêlent, se comprennent et finissent par s'apprivoiser.

C'est un roman à deux voix, où alternent époque, et narrateur, chapitre après chapitre..
De nos jours, Julia, 25 ans, poursuit des études d'histoire de l'art, tout en s'interrogeant sur son avenir, tant professionnel que sentimental. Fille unique n'ayant jamais connu ses grands-parents, elle ressent le besoin de créer des liens avec des personnes âgées. Elle s'inscrit dans une association, et se voit confier la mission de rendre visite à Paul, Monsieur peu affable de 80 ans. Leur relation, assez froide au départ, va s'apaiser au fil des visites hebdomadaires de la jeune femme qui aimerait en savoir plus sur la vie du vieil homme, quitte à fouiller dans ses affaires personnelles. Elle découvrira qu'il était un contrebassiste de talent, ayant voyagé dans le monde entier.

En parallèle, nous suivons la vie de Paul (et de sa contrebasse), depuis son adolescence au début des années 1950, jusqu'à sa montée à Paris pour ses études au Conservatoire. Il deviendra troisième soliste du pupitre de contrebasse dans l'orchestre national de France. L'auteur nous dévoile là les émotions qui ont parcouru Paul, autant dans sa vie d'homme marié que dans sa vie de musicien. Ce sont ces émotions qui donnent de l'attrait à ce livre. L'auteur décrit aussi la situation des femmes et le début de leur émancipation. Elle aborde la question de la lutte des classes dans ces années 50, et nous rappelle que si une demoiselle faisait des études, ce n'était pas pour exercer un métier, mais pour avoir un minimum de culture lui permettant de briller en société. Elle était condamnée à rester à la maison, faire de la couture ou préparer les repas pour son mari. En même temps, on découvre que les jeunes hommes sont poussés à exercer la même profession que leur père et que le mélange de classe sociale est très mal accepté.

Quand Julia a connaissance de la vie de Paul, elle prend confiance en elle pour choisir sa voie professionnelle et sentimentale.

Myriam T.

Dans la jungle (Agnès Vannouvong)

note: 3Un roman végétal Comité de lecture adulte - 19 juillet 2016

C'est ce qu'a souhaité écrire Agnès Vannouvong, un roman végétal, et l'objectif est atteint.
Sans longueurs inutiles, la romancière nous entraîne en pleine nature, au coeur de la jungle, sur les rives du Mékong, dans la fourmillante Bangkok.
Un roman d'atmosphère, pour décrire une femme en pleine (re)contruction, May, partie à la recherche des circonstances de la mort de son ami Stéphane. May écrira son destin en retrouvant ses origines.

Danielle.

L'arbre qui donna le bois dont on fit Pinocchio (Jean-Marie Gourio)

note: 5Tout ce qui peut être imaginé est réel. Comité de lecture adulte - 19 juillet 2016

Ainsi débute ce petit ouvrage, par cette citation de Picasso. Le ton est donné.
Laissez-vous séduire par ce célèbre conte revisité - très revisité - de Collodi. Goûtez toute la fantaisie, toute la poésie, toute la tendresse de Jean-Marie Gourio pour ses personnages, Giacomo, Faustina, l'étrange Valdinievole, pour le petit village d'Italie où se déroule l'histoire.

La dernière page tournée, vous vous dites : voilà un livre qui fait du bien.

Danielle.

L'or des femmes (Mambou Aimée Gnali)

note: 5Entre tradition et modernité Comité de lecture adulte - 13 juillet 2016

Quand de jeunes Congolais rejettent la tradition, tout en respectant leurs aînés, cela donne un roman juste qui parle de féticheurs, de rites d'initiation, mais aussi et surtout de modernité, d'amour et de respect.

Danielle

Sans oublier la baleine (J. W. Ironmonger)

note: 5Un roman qui fait du bien Comité de lecture adulte - 13 juillet 2016

Des réactions en chaîne et un effet papillon à la City conduisent le monde vers une catastrophe économique, tandis qu'une baleine vient s'échouer sur une plage de Cornouailles. Le village s'organise pour faire face à ces deux événements également majeurs.

Des personnalités fortes, chaleureuses, non exemptes de travers, mais beaucoup d'amour, de fantaisie, un brin de folie et surtout beaucoup d'optimisme. Un parfum pour les amateurs de Tourte aux épluchures de patates...

Danielle

Les révolutions de Bella Casey (Mary Morrissy)

note: 5Toute l'Irlande est là Comité de lecture adulte - 13 juillet 2016

L'histoire vraie, très romancée, de Sean O'Casey, dramaturge irlandais majeur, et de sa relation avec sa soeur, de l'adoration à l'admiration, en passant par l'irritation.
Une belle écriture, ponctuée d'extraits de la vraie biographie d'O'Casey, le récit d'une vie difficile, à l'image des grands épisodes historiques de l'Irlande.

Danielle

Le retour au pays de Jossel Wassermann (Edgar Hilsenrath)

note: 3Leur bien le plus précieux : leur histoire Comité de lecture adulte - 13 juillet 2016

Nouvelle édition.
Les habitants juifs du shtetl Pohodna ont reçu l’ordre de rejoindre la gare et sont entassés dans un train. Le rabbin confie au vent : les goys sont des imbéciles, ils pillent nos maisons mais nous avons emmené notre bien le plus précieux : notre histoire. Jossel Watermann, après de nombreuses péripéties, se meurt en Suisse et se confie à un notaire, un avoué et à leurs secrétaires pour dicter son testament, demander le retour de son corps dans son pays et la retranscription de son histoire par le rabbin de Pohodna.
Description sensible et humoristique de la vie des shtetls à la fin du 19ème et début du 20eème avant la guerre. Intéressant de connaître la vie des communautés juives éparpillées dans l’est de l’Europe qui ont disparu. Mais parfois un peu répétitif à l’image des prières psalmodiées.

Hélène D.

Un ruban de rêve (Gonzague Saint Bris)

note: 4Aux origines du festival de Cannes Comité de lecture adulte - 13 juillet 2016

Le festival de Cannes est aujourd'hui une institution qui a depuis longtemps dépassé ses frontières d’événement culturel dédié au cinéma ; certains diraient même qu'il incarne le cinéma. Et pourtant, il fallait réussir à organiser un festival international de cinéma à une époque de crispations entre les nations : nous sommes dans la deuxième moitié des années 1930. Et quand la première édition est finalement lancée, le 1er septembre 1939, ce sont les débuts de la guerre mondiale qui obligent son annulation dès le premier jour. En 1946, le festival est relancé, sous une forme qui n'est pas encore celle que l'on connaît : à la fin de l'été, bi-annuel en alternance avec la Grande Mostra de Venise, et il n'y a pas encore de Grand Prix.

Et ce sont donc ces dix années de préparation, de faux-pas mais aussi de réussites donc, qui forment la matière de ce petit documentaire. Bien écrit, il n'oublie pas les personnes qui ont œuvré à la réalisation du festival de Cannes, officiellement ou en sous-main, politiques ou grands noms de la Culture, et présente le contexte cinématographique de l'époque, que ce soit ses stars ou ses films. Ce petit ouvrage aux faux airs de roman se lit d'une traite, et offre donc une présentation suffisamment intéressante et complète d'un festival qui ne cessera de s'imposer.

Damien (Bibliothèque d'Auxerre)

Je suis capable de tout (Frédéric Ciriez)

note: 4Plage et soleil, et un style à découvrir Comité de lecture adulte - 13 juillet 2016

Dans la première partie du récit, on retrouve Julie et sa fille Neko, âgée de 17 ans, en vacances d'été sur l'île d'Héliopolis, dans un club de naturiste. Elles sont toutes deux plongées dans leur lecture respective. Neko dans un manga, et Julie dans un livre de développement personnel, écrit par l'ancien grand sportif et coach mental mondialement connu, Paul Béranger. Nous lisons ce que les héroïnes lisent, comme une sorte de mise en abyme.
Puis, dans la seconde partie, la suite de la journée, Julie visite l'île avec un certain Giacomo, rencontré sur un site de rencontres, et laisse sa fille dans son manga, sur la plage, dans l'espoir qu'elle se fasse des amis.

Autant le début du roman pose, on se sent en vacances sur cette plage et sous ce soleil, en train de lire les conseils et l'histoire du coach mental, autant la seconde partie ne nous laisse pas de répit entre romance, premiers émois, coïncidence, absurdité, aventure, second degré... C'est décalé et loufoque, avec à la fois un fond de réflexion sur l'influence de la lecture, de la distance à prendre parfois avec ce qu'on lit et ce qu'on vit, entre fiction et réalité.

En terme d'écriture, j'ai beaucoup apprécié le style, on sent que l'auteur s'amuse, que ce soit dans l'intrigue que dans les différentes formes du texte, il est aussi capable de tout ! Et si comme moi, on se laisse embarquer, on passe un agréable moment de lecture.

Anaëlle (Bibliothèque d'Auxerre)

La fièvre de l'aube (Peter Gardos)

note: 5Quand l'amour triomphe de la barbarie Comité de lecture adulte - 13 juillet 2016

Miklos, un Hongrois rescapé des camps de concentration nazis et hospitalisé en Suède pour soigner sa tuberculose, reprend petit à petit goût à la vie. Il décide d'écrire à 117 jeunes hongroises réfugiées comme lui en Suède dans l'espoir de trouver sa future épouse. Parmi toutes les réponses qu'il reçoit, une seule lettre retient son attention, celle de Lili Reich, rescapée elle aussi de l'enfer nazi. Pendant un an, ils vont s'écrire régulièrement, puis soulever bien des obstacles pour enfin se rencontrer et finalement se marier.

Ce roman vrai témoigne de la soif de vivre et du goût du bonheur de deux êtres qui ont su triompher de la barbarie. Très beau témoignage à lire absolument !

Martine M.

Je l'ai appelée chien (Marli Roode)

note: 4Apartheid Comité de lecture adulte - 13 juillet 2016

Jo, jeune journaliste sud-africaine, revient dans son pays après dix ans passés à Londres.
Son père, avec qui elle a des relations tendues, qui est raciste, grossier et misogyne, l’appelle à l’aide. Il est soi-disant accusé de torture et du meurtre d’un noir, 25 ans plus tôt pendant l’apartheid. Elle le suit à travers le pays, prisonnière de l’ambivalence de ses sentiments et de la manipulation qu’il exerce sur elle.

Un beau livre, très fort, où l’on découvre les problèmes d’après apartheid, le racisme des noirs envers les blancs mais aussi des noirs envers les noirs, contre les émigrés des pays voisins.

Dominique (Bibliothèque de Brannay)

Enfants du diable (Liliana Lazar)

note: 4Vivre en Roumanie sous Ceausescu Comité de lecture adulte - 13 juillet 2016

Elena Cosma est sage-femme dans un hôpital de Bucarest dans les années 80. Sa condition de célibataire sans enfant est difficile à vivre étant donné la politique de Ceausescu. Beaucoup de femmes supportent mal l’obligation de procréer ; c’est le cas de Zelda P qui attend son troisième enfant, ne veut ni l’élever ni le confier à un orphelinat. Elena refuse de pratiquer un avortement et conclut un marché avec la jeune femme après s’être assurée du pedigree paternel. Mais la mère a du mal à abandonner totalement son fils et fait du chantage. Elena demande sa mutation pour la Moldavie. Elle permet l’installation d’un orphelinat dans l’ancienne prison royale. Parmi ces "enfants du diable", une pensionnaire connaît son secret !

Récit sans concessions sur la vie en Roumanie pendant l’ère Ceausescu, sa chute et la suite : la politique nataliste, la vie quotidienne en ville et dans les campagnes, le niveau de vie et l’existence dans les orphelinats avec la violence, la dénutrition et les sévices physiques et sexuels. Violent mais certainement proche de la vérité.

Hélène D.

Comme un poison entre nous (Monica Rattazzi)

note: 3Un bon moment de lecture Comité de lecture adulte - 13 juillet 2016

Un roman très agréable : une jeune femme, mère de famille, voit son couple se détruire. Ses réflexions et réactions devant cette situation particulièrement déstabilisante sont souvent justes.
Dans le même temps, comme pour aggraver la crise qu’elle traverse, un enfant s’impose entre elle et son mari, ses filles… jusqu’où ce gamin ira-t-il dans sa quête désespérée d’un père ? Le suspense est assez bien ménagé.
Un bon moment de lecture…

Patricia (Bibliothèque de Brannay)

Elles sont parties pour le Nord (Patrick Lecomte)

note: 4La passion d'une vie Comité de lecture adulte - 12 juillet 2016

Au Canada, en 1917 ; Wilma attend le retour de son père, parti relever ses pièges dans le grand Nord. C’est une petite fille solitaire, qui a grandi en osmose avec la nature. Ce jour-là, son père lui ramène un livre qui va bouleverser sa vie : « Le merveilleux voyage de Niels Holgersson » ; dès lors, elle n’aura de cesse d’en savoir plus sur ces oiseaux, les grues blanches, et guettera leur migration au-dessus de leur cabane.
Mais il faut bien quitter cette nature pour rejoindre l’internat et avoir l’éducation qu’il sied à une jeune fille… Puis ce sera l’université, et elle intégrera celle de Houston (au Texas) en biologie, discipline qui la rapproche le plus de cette nature qu’elle aime tant et qui lui manque. Elle va ainsi apprendre l’existence d’espèces en voies de disparition, et va se passionner pour ce sujet. Elle découvre plusieurs associations qui protègent certaines espèces et parmi elles , la Société d’Audubon, fondée en 1886 par un Français, Jean-Jacques d’Audubon (considéré comme le premier ornithologue du Nouveau Monde), qui cherche à sauver la grue blanche.

Ce roman est une fiction qui s’appuie sur un problème bien réel : la quasi-disparition de ces oiseaux migrateurs dans les années 1930-1940. Sont également évoqués les problèmes d’une Amérique en crise en 1929, puis engagée dans le conflit européen.

Une héroïne au caractère bien trempé mais sensible, un sujet fort bien documenté, des descriptions de phénomènes naturels, de paysages, d’ animaux très évocatrices, bref, un bon roman où l’on ne s’ennuie pas et qui se lit avec plaisir.

Hélène P.

La maison de vacances (Anna Fredriksson)

note: 3Problèmes relationnels entre frères et soeurs Comité de lecture adulte - 12 juillet 2016

Eva, la quarantaine solitaire, professeur de lettres à Stockholm, vient de perdre sa mère d’une façon brutale : un suicide qu’on ne découvre que peu à peu au cours du récit. Très proche de celle-ci, elle se remet difficilement de son absence, ressassant des souvenirs dont beaucoup sont attachés à la maison de vacances dans une île de l’archipel. Le désir d’Eva est de la conserver, mais son frère Anders et sa sœur Maya, avec lesquels elle entretient des relations très froides, ont décidé de la vendre.
Réunis pendant l’été, ils vont peu à peu régler leurs comptes, mettre à plat le passé et ses blessures.
C’est un agréable roman d’une lecture très facile qui interroge d’une manière assez sensible et juste la condition de mère, les problèmes relationnels entre frères et sœurs.

Marie-Christine (Bibliothèque de Tonnerre)

Bad land (Frédéric Andréi)

note: 3Le début d'une série policière Comité de lecture adulte - 12 juillet 2016

On retrouve le couple phare du premier opus Riches à mourir, l'ex-journaliste Nicholas Dennac devenu charpentier, et qui a par le passé aidé le FBI à résoudre une enquête. Et Tina Ward, ex-bimbo et veuve de milliardaire, enceinte de plus de huit mois et fière de ses origines indiennes. Elle a acheté un ranch à son père et met tout en œuvre pour racheter les terres de ses ancêtres, avant qu'elles ne soient vendues à des personnes mal intentionnées.
A quelques jours de l'accouchement, Tina tient absolument à aller soutenir un jeune Indien pour son championnat de rodéo à Las Vegas. Nicholas accepte de les accompagner. Ils font un arrêt par le sponsor, assiste au premier championnat, à la soirée qui remercie l'enfant gagnant du concours pour son dessin. Suite à des contractions, ils doivent reprendre la route et repartir dans le Montana. Juste avant, Nicholas revoit son amie Edelia Torres Nilo, du FBI. Le soir, un attentat survient lors du championnat.
Tandis que Nicholas poursuit Tina, disparue depuis la nuit dans la montagne enneigée, il aide Edelia à enquêter sur les coupables de cet attentat. Car pendant leur court séjour là-bas, il semblerait que Nicholas en ait vu plus que ce qu'il aurait dû...

C'est un assez bon polar, avec un bon rythme et un suspense qui monte un peu en crescendo vers la fin. L'écriture de Frédéric Andreï est fluide et teintée d'humour. J'ai trouvé que certains faits étaient un peu gros (heureusement que Nicholas était là, qu'il ait pu voir tous ces indices et que ce soit lui qui ait des contacts dans le FBI...), mais, si on n'est pas trop exigeant sur ces détails, on passe un bon moment.
D'ailleurs, la partie sur les médias qui comblent le vide, qui communiquent parfois des mauvaises informations, est intéressante et n'est pas sans rappeler la réalité des derniers tristes événements...
On sent que l'auteur a du potentiel et se fait la main sur cette « série ». A suivre...

Anaëlle (Bibliothèque d'Auxerre)

La reine du tango (Akli Tadjer)

note: 3Au rythme du tango Comité de lecture adulte - 7 juillet 2016

Suzanne est une jeune professeure de tango qui enseigne à Paris . Elle a été élevée par sa mère, surnommée «reine du Tango», qui la ballottait d’hôtel en hôtel et qui a disparu lors de l’incendie de la boîte de nuit où elle se produisait. Elle n’a jamais su ce qui c’était réellement passé et traîne depuis lors un mal de vivre inhérent à cette quête. Diego, accordéoniste et seul ami « rescapé » de sa mère, pourrait l’éclairer, mais il est dans une maison de retraite et s’éteint doucement.
Elle arrive tant bien que mal à enseigner le tango, avec des adultes pas forcément doués…Elle rencontre au lavomatic un voyou recherché par la police, qu’elle héberge et dont elle s’éprend. Elle lui apprend le tango, afin d’avoir un partenaire, un « tangero »,pour participer à un concours…

C’est un roman qui se lit facilement ; on se laisse envoûter par l’histoire de Suzanne, femme à la fois forte et fragile, à la recherche de ses origines, et par sa vie plutôt agitée… Il y a aussi un peu de suspense ; Yan, son voyou, finira-t-il par être arrêté ? Que va devenir leur histoire ?
Le tango est un « personnage » à part entière ; l’auteur lui fait la part belle quand il décrit les cours en nous donnant un aperçu de cette danse, avec explications des pas et des différentes figures.

Hélène P.

Quelques heures cruciales dans le dojo du président de la Grande Russie (Macha Fogel)

note: 5Un Poutine plus vrai que nature Comité de lecture adulte - 7 juillet 2016

Le président de la Grande Russie, Boris Anatolevitch, aime le sport. Il pratique régulièrement le judo ou le sambo, son équivalent russe. Mais au fil de ses entraînements, de ses combats, de ses rencontres avec les grands de ce monde, de ses souvenirs, de ses relations avec ses proches, il prépare un plan. Un plan de grande envergure qui se peaufine et se développe pour déterminer le futur de son poste, et sur qui il peut compter.

Toute l'histoire se dessine entre les missives qui lui sont adressées et qui préparent cet événement que l'on ne découvrira que plus tard. Entre ces moments, on suit les réflexions et les souvenirs de l'autocrate. Ce qui ne pourrait être qu'un banal exercice de style est au contraire une leçon d'écriture, où l'exercice du pouvoir et l'entraînement physique sont traités d'un œil humain mais aussi poétique.

Le personnage principal est fortement calqué sur la vie et la personnalité de Vladimir Poutine, et c'est bien ainsi que l'on s'imagine le président de la Grande Russie. L'auteur, correspondante à Moscou, nous fait plonger dans le monde russe et arrive à faire ressentir de l'empathie pour son personnage principal. Le portrait est finement tracé et la lecture se consomme d'un seul trait.

Damien (Bibliothèque d'Auxerre)

Corps conducteurs (Sean Michaels)

note: 3Une vie romanesque Comité de lecture adulte - 6 juillet 2016

Cette biographie romancée reprend la vie de Lev Sergueïevitch Termen, plus connu sous le nom de Léon Theremin. Ingénieur talentueux, né en Russie, il vécut aux États-Unis avant de devoir revenir en URSS. Ingénieur de formation, il inventa, entre autres, le thérémine, l'un des premiers instruments musicaux électroniques qui se joue en modulant l'intensité de signaux électroniques, comme le montre la couverture. Il croisa la route des grands noms du début du siècle, scientifiques, musiciens et parfois politiques.

Sean Michaels s'empare des quelques zones d'ombre qui entourent sa vie pour livrer une histoire d'amour avec l'une des plus grandes joueuses du thérémine, Clara Rockmore, sur un fonds de gloire puis de déchéance. Sean Michels le met au « service » de la Mère Russie en tant qu'espion, ce qu'il était peut-être, avant d'être accusé, ironiquement, de contre-espionnage.

Le livre propose donc tous les ingrédients d'une certaine recette un peu facile, mais convaincante. Et tout au long de la lecture, on ne peut que s'imaginer devant un film hollywoodien, avec telle star jouant Léon, telle héroïne incarnant Clara, ces histoires d'inventeurs maudits, d'espionnage, avec ce contexte rassurant des États-Unis, des années folles à la Grande dépression, et l'exotisme russe. Toute la bobine défile au long de la lecture.

Il est légèrement regrettable que la fascination de Sean Michaels pour Léon Theremin dessert le rythme du livre à trop vouloir appuyer sur ses années américaines et insouciantes. Il prend son temps pour mieux préparer la chute, mais c'est artificiel, on sent le ressort narratif se préparer derrière. De plus, comme pour mieux s'emparer de cette personnalité, il lui ajoute différentes spécificités qui ne se justifient guère, et qui apparaissent peu crédibles, et ce avant même qu'il ne révèle ses ajouts personnels à la fin de l'ouvrage.

Et pourtant, cela fonctionne, la lecture est entraînante, le personnage de Léon Thérémin est intrigant, scientifique, musicien par défaut, espion par obligation, esprit romantique mais sans guère de sens pratique. C'est un agréable livre, c'est une vie romanesque, mais dont on devine un peu trop les ficelles qui sous-tendent toute l'histoire.

Damien (Bibliothèque d'Auxerre)

Captifs (Kevin Brooks)

note: 4Huis-clos addictif Comité de lecture adulte - 4 juillet 2016

Linus – prononcé Laï-nus – seize ans, vit dans la rue depuis cinq mois en compagnie de sa guitare, quand il se fait kidnapper par un aveugle… et se retrouve enfermé dans un bunker aménagé d'une cuisine, d'une salle à manger, d'une salle de bain, d'un ascenseur au bout du couloir et de six chambres. Chaque chambre dispose d'un carnet et d'un stylo. C'est via ce moyen que Linus nous raconte, sous forme de journal intime, cet emprisonnement, l'arrivée des cinq autres, tous très différents, les découvertes qu'il fait (ils sont surveillés par des micros et des caméras), les tentatives d'évasion, les punitions, et le dénouement tragique...

Nous devenons nous aussi captifs du récit de Linus, nous sommes curieux de savoir comment ils vont s’adapter, s'ils vont réussir à s'échapper, comment cette histoire va se terminer, et qui se cache derrière tout ça, quelles sont ses motivations ? Pour ces dernières interrogations, nous n'aurons jamais la réponse, ce qui n'a pas grande importance en soi. Au final, nous sommes autant voyeurs que le pervers qui les a kidnappés et qui jouent avec eux, on prend « plaisir » - et je dis ça avec des guillemets – à les regarder s'escrimer à s'échapper ou juste à survivre ensemble. Nous avons une double position : en tant que lecteur de ce livre et du récit de Linus, on compatit, on vit l'enfer avec les personnages, tout en étant ce voyeur un peu sadique, vicieux.
Nous sommes parfois pris directement à partie par Linus, il est conscient d'être lu ou qu'il sera lu, pour lui nous sommes juste des lecteurs, et par la suite il nous soupçonne d'être Celui qui est derrière tout ce cirque. J'ai trouvé cette interrogation sur notre statut de lecteur franchement intéressante.

Pour en revenir à l'histoire telle quelle, en laissant de côté la réflexion, c'est un thriller efficace, addictif et qui se lit rapidement, les chapitres sont assez courts, haletants vers la fin. Fin que je trouve pour ma part convaincante, j'avais peur que ça finisse comme Puzzle de Thilliez et fort heureusement non. Si je devais décrire ce livre, je dirai que c'est un audacieux mélange entre Puzzle et le jeu les Sims, mélange qui agit avec la même addiction malsaine qu'une émission de télé-réalité.

Je souhaite également prévenir qu'il y a une certaine violence, pas décrite mais plus dans le dénouement tragique du sort des personnages, qui peut être choquante suivant le degré de sensibilité de chacun. Je n'ai personnellement pas été choquée, et en plus j'ai adoré ma lecture, mais ce n'est que mon ressenti.
Je conseille ce livre aux amoureux du thriller et des huis-clos, également à des adolescents qui n'ont pas froid aux yeux, et à tous les joueurs des Sims.

Anaëlle (Bibliothèque d'Auxerre)

Phalène fantôme (Michèle Forbes)

note: 4Une femme et une mère, 20 ans après Comité de lecture adulte - 4 juillet 2016

Irlande, Belfast, 1969. Dans le contexte d'une guerre civile meurtrière, une femme mariée, mère de trois jeunes filles, se débat avec son passé et le souvenir d'un amour passionnel qu'elle éprouva 20 ans plus tôt pour un autre homme que son futur mari, Georges.
Construite par une alternance de chapitres se déroulant en 1949 puis en 1969, l'histoire pose cette femme comme personnage principal, livrant ses émotions au fil du texte, comme son amour maternel, dans une fraîcheur remarquable.
Un premier roman d'une belle écriture et d'une grande poésie.

Elisabeth

Tout ce qu'on ne s'est jamais dit (Celeste Ng)

note: 3Thriller psychologique Comité de lecture adulte - 1 juillet 2016

Pas de Lydia au petit-déjeuner, ni dans son lit, ni nulle part dans la maison. Personne ne sait où est partie l'adolescente. Ni son père, ni sa mère, ni son frère, ni sa sœur. Ses amis ? Elle n'en a pas. Il y a peut-être bien ce Jack avec qui elle sortait après les cours ces trois derniers mois… Puis la police finit par retrouver son corps. Noyée dans le lac. Suicide ? Meurtre ?

Pour comprendre, il faut remonter le fil, remonter jusqu’à l'enfance de ses parents, puis leur rencontre, la suite de leur parcours, il faut révéler les histoires de la famille, saisir la place de chacun au sein de la famille – à savoir : toute l'attention des parents est concentrée autour de Lydia, elle est ce que ses parents auraient aimé être, elle est leurs rêves, leurs échecs – quitte à oublier les deux autres enfants.

Publié chez Sonatine, éditeur de polar (du moins spécialisé dans ce genre), on nous promet un suspense efficace, alors oui, on a envie de savoir, de découvrir la vérité, de connaître cette famille, chaque membre qui la compose, sans forcément qu'on soit tenu en haleine jusqu'à la dernière ligne – on peut très bien refermer son livre à 40 pages de la fin sans en mourir de frustration. C'est plus un roman qu'un thriller, ça se laisse gentiment effeuiller, assez rapidement sans pour autant se lire dans une frénésie addictive. Du moins, d'après mon propre ressenti, et d'après mes expériences de lectures (comme par exemple Les apparences de Gillian Flynn).

Pour en revenir à l'histoire en soi, on se laisse happer par les personnages, par leurs histoires et leurs envies, désirs, rêves. La construction de cette famille est bien réalisée, elle est vraie et triste à la fois. A travers elle – et les expériences des personnages - on aborde la question de l'intégration, de la tolérance et des différences avec une telle justesse, que c'est pour moi la force de ce thriller psychologique.

La fin nous laisse sur une agréable impression d'avoir passé un bon moment de lecture.

Anaëlle (Bibliothèque d'Auxerre)

En attendant Doggo (Mark Mills)

note: 5Irrésistible ! Comité de lecture adulte - 1 juillet 2016

Romantisme, tendresse, humour à l'anglaise, et des personnages attachants, voilà, en résumé, l'impression dégagée par ce livre.
Écriture agréable, facile à lire. On commence le livre... et l'on n'arrête plus ! Le personnage de Doggo est irrésistible (pourtant, avec son physique, ce n'était pas gagné d'avance!). On sort de cette lecture le sourire aux lèvres, le coeur léger. A RECOMMANDER !

Monique (Bibliothèque de Brannay)

Le royaume des oiseaux (Marie Gaulis)

note: 4Récit intimiste Comité de lecture adulte - 1 juillet 2016

Le Royaume des oiseaux; c'est ainsi que Marie Gaulis nomme les âmes légères de ses aïeux dont les multiples empreintes, au coeur du château familial, ont marqué les murs, l'esprit des meubles, des peintures et les multiples travaux dessinant l'histoire du bâtiment ancestral.
Donnant voix chapitre après chapitre à l'un et l'autre des aïeux, elle fait revivre toute son histoire familiale, inscrite des tempéraments de chacun, dans laquelle le château, édifice vieilli mais riche d'une âme profonde, se fait le personnage central de ce récit intimiste.
Dans une écriture très délicate, l'auteur sait faire éclore ce parfum si propre au souvenir touchant des êtres et des lieux aimés.

Elisabeth

Le revers de la médaille (Olga Lossky)

note: 3L'éradication des Juifs de Hongrie Comité de lecture adulte - 29 juin 2016

Inspirée de la vie de son aïeul, l'auteur raconte l'épopée de Pal, jeune artiste hongrois dont la carrière brillante de médailliste le mènera auprès des plus grands dirigeants d'Europe et du monde, et jusqu'au Pape. Mais au-delà de sa réussite professionnelle, Pal sera toujours la victime, jusque dans son travail, de ses origines raciales. Juif par son père, Pal échouera jeune adulte lors d'un concours important. Victime de sa judéité, il fuira la Hongrie à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, laissant derrière lui sa famille et Erzsebet, son modèle dont il était éperdument amoureux.
Hanté toute sa vie par le souvenir des siens, et le questionnement persistant de leur existence au travers de la guerre, Pal sera aidé par Nicky, sa fidèle compagne, pour partir à leur recherche quarante années après la guerre et venir à bout de ce silence insupportable. Une rencontre fortuite d'un ancien compatriote amènera l'artiste assombri, à la fin de sa vie, à croiser le visage d'une femme dont la ressemblance avec son premier amour, Erzsebet, le troublera profondément et ramènera ses pensées vers un passé plein d'émotions.

Constamment inscrit dans le contexte historique de l'éradication des Juifs de Hongrie pendant la Seconde Guerre Mondiale, le roman met aussi en lumière le rôle de certaines personnalités européennes qui ont permis à de nombreux juifs de Budapest d'être épargnées et sauvées des griffes du nazisme.
Ne se prétendant pas roman biographique, ce roman n'en est pas moins le reflet de la vie de personnages brillants dont la vie a été profondément imprégnée par la marque de leur race et leur lutte permanente pour s'affirmer malgré elle, telle un revers de médaille douloureux.

Elisabeth

La bibliothèque de Hans Reiter (Jean-Yves Jouannais)

note: 3La guerre est-elle si sérieuse que ça ? Comité de lecture adulte - 29 juin 2016

Jean-Yves Jouannais est intéressé par la guerre, les événements militaires, les personnes qui en sont responsables ou la subissent. Mais il n'est guère sérieux, parait-il. Car il évoque celle-ci sous un angle nouveau, qui se retrouve dans cet ouvrage.

Le personnage du roman est bibliophile, ou peut-être pas. Il est curieux par défaut, car il ne s'est pas trouvé de passions, de buts, d'enjeux à suivre et poursuivre. Il cherche donc à comprendre ce qui peut animer les gens, la raison d'être derrière chaque collection, chaque bibliothèque. Il se rend aux enchères pour acquérir les livres qu'a pu emmagasiner le dénommé Hans Reiter, des ouvrages relatifs à la guerre. Il enchérit sans grand intérêt, doit se mesurer à un adversaire redoutable, mais parvient à récupérer quelques ouvrages. En lisant ces livres, pour comprendre ce qui définissait la collection du regretté Reiter, il se rend compte qu'il manque, à chaque fois, une page. Et c'est peut-être ce qui manque qui peut en dire le plus sur la guerre.

De ce point de départ intéressant, il ne faudrait pas croire qu'il s'agit d'un livre qui se lit pour l'intrigue, où tout l'intérêt est de se laisser guider par les événements. Au contraire, La bibliothèque de Hans Reiter se lit à tête reposée, le lecteur se laisse porter par l'apathie du personnage principal qui ne sait pas ce qu'il veut, où il va, se laisse entraîner avec une curiosité à peine piquée. Il y a un certain relâchement, sans être péjoratif, mais aussi un humour qui semble distant, anglais par défaut de définition. Et, étrangement, c'est le lecteur qui est plus curieux des péripéties que le personnage que l'on suit.

Car Jean-Yves Jouannais, au fil de ces pages, a quelque chose à nous dire sur la guerre, qu'elle n'est peut-être pas si sérieuse que ça. Il ne nous l'assène pas et laisse le lecteur en juger, grâce à cette distance dans le ton du roman. Et puisque le monde du roman connaît une période d'état de crise, le parallèle avec notre société, sur la crise que l'on subit, nous pousse à l'envisager d'une autre façon, pour mieux comprendre à qui profite la blague.

Damien (Bibliothèque d'Auxerre)

La vraie vie (Thomas Cadène)

note: 3Addiction à Internet Comité de lecture adulte - 29 juin 2016

La vie de Jean a deux facettes : dans la journée il travaille en équipe avec Didier comme agent municipal, et la nuit il se connecte sur le net surtout pour jouer et échanger. La vie réelle va le rattraper.
Sujet actuel et rarement traité : l’addiction à la toile. De la sensibilité pour décrire la solitude mais aussi les rapports de Jean au monde réel ou virtuel.

Graphisme un peu simpliste, couleurs douces pour sa vie professionnelle, vives pour sa vie personnelle, adaptées au sujet.

Hélène D.

Comme deux soeurs (Rachel Shalita)

note: 4Une amitié fusionnelle en Palestine Comité de lecture adulte - 27 juin 2016

Nous sommes en 1939, a Tel-Aviv, Palestine. Deux petites filles, Véra, fille d’un artiste-peintre exposant souvent à Paris, et Siona, fille d’un maçon. D’ origine sociale très différente, elles ne peuvent plus se passer l’une de l’autre. Le père de Véra a une grande influence sur sa fille, il s’accapare son éducation et veut en faire une artiste comme lui. Véra part à Paris avec son père, tandis que Siona part de son côté au kibboutz.

Quelques mois plus tard, Véra arrive au kibboutz. Elle est triste, dépressive... Siona la prend sous son aile et lui témoigne beaucoup d’affection. Elle parvient à lui trouver un emploi, mais Véra ne peut pas s’intégrer au Kibboutz, elle n’en a pas l’esprit communautaire.

Son père lui avait offert un livre, « L’âme enchantée » de Romain Rolland, qu’elle découvre à ce moment-là. Très vite elle s’identifie a l’héroïne, et le livre devient le guide de sa vie. Arrive au Kibboutz Yossef, un homme rescapé de la Shoa , poète qui veut s’engager dans le kibboutz pour redonner un sens à sa vie. Yossef redonnera à Véra le désir de peindre, lui-même écrira des poèmes, une nouvelle vie s'ouvre pour les trois personnages.

J’ai découvert, au travers de ce livre passionnant, les aspirations et contradictions de la société juive de Palestine avant1948 et la création de l’état d’Israël.

Christine M.

Les affreux (Jacques Sarthor)

note: 3Affreux, sales et méchants Comité de lecture adulte - 27 juin 2016

Anti-héros de notre époque, Baldo et Philippe sont des gens de petite envergure, élevés dans la misère si ce n'est la médiocrité. Ils mènent une vie sans grande ambition, ils sont conscients de subir cette société plus que d'y participer. Enrôlés dans une organisation regroupant fascistes et racistes de tous poils, ils veulent donner un coup de pied à cette France qu'ils ne reconnaissent plus. Ils sont alors chargés d'incendier les possessions d'un honnête Juif, afin que les « mahométans » et les « bougnoules » soient accusés.

De cette histoire qui sent le souffre, Jacques Sarthor ne prend guère de distance. Il nous fait partager le quotidien de ses personnages, leurs amours sincères, leurs doutes, leurs errances. Dans cette société divisée, ils ne sont pas d'une extrême noirceur, l'auteur arrive à rendre sympathique ces pauvres types. Ils sont dans l'erreur, mais c'est au lecteur de le comprendre, pour mieux appréhender certains des problèmes de notre société. C'est probablement cette ambiguïté, et le risque qu'il soit accusé de complaisance, qui a décidé l'auteur à prendre un pseudonyme.

Libre donc à chacun de deviner qui se cache derrière ce roman. Mais l'écriture, relevée et argotique, donne toute sa saveur au livre. On y retrouve un Frédéric Dard dont les personnages seraient passés tout à droite du nuancier politique. C'est dans ce langage fleuri, à l'argot presque poétique, que le livre se montre le plus convaincant. Car « Les affreux » souffre de sa construction, qui amène trop vite l'enjeu, louvoie avec ces passages qui imposent les personnages mais ralentissent l'intrigue, avant que celle-ci ne se conclue en queue de poisson.

Et peut-être est-ce ainsi qu'il faut appréhender cet ouvrage, qu'il a été écrit par l'auteur qui a eu besoin de coucher sur le papier une certaine image d'une partie de la société en laissant les mots l'emporter. Il a réussi : ses personnages nous sont étrangement sympathiques, et ils ont hélas beaucoup à nous dire sur notre monde actuel.

Damien (Bibliothèque d'Auxerre)

Oeuvre non trouvée

note: 5Trois femmes meurtries par la guerre Comité de lecture adulte - 27 juin 2016

Cinq jours de Novembre 1920 en Angleterre, du 7 Novembre au 11 Novembre. Chaque journée constitue un chapitre, à l'intérieur duquel trois femmes, de conditions sociales différentes, vont tisser leur vie avec pour point commun le souvenir d'un homme aimé, perdu à la guerre, mari, fiancé ou fils. Pendant ces 5 jours de novembre 1920, en même temps que se déroule le récit indépendant de la vie de ces femmes anglaises, s'opère la préparation de la cérémonie de commémoration du soldat inconnu. Le dernier chapitre, dont cette manifestation clôture l'histoire, va conduire à la rencontre plus ou moins fortuite de l'ensemble des protagonistes.

Au-delà de l'histoire de ces trois femmes surprenantes et aux destins si différents, une intrigue adroitement menée depuis le début du roman contribue à tracer un fil conducteur qui prend sens au fur et à mesure de l'histoire, pour proposer un dénouement inattendu.
Dans une écriture très maîtrisée, cet écrivain nous offre un premier roman d'une grande qualité, dont une partie des thèmes sont à rapprocher du Goncourt “Au revoir là-haut” de Pierre Lemaître.

Elisabeth

Au premier chant du merle (Linda Olsson)

note: 5Romance Comité de lecture adulte - 24 juin 2016

Stockholm, de nos jours. Pour une raison d'abord inconnue, Elisabeth Blom, une femme de la cinquantaine qui vient d'emménager dans un nouvel appartement, y vit recluse et refuse d'ouvrir sa porte à quiconque. Jusqu'au jour où son jeune voisin, Elias, intrigué par sa voisine, lui glisse un dessin dans sa boîte aux lettres. Elisabeth finira par répondre à ce geste en lui déposant un livre devant sa porte.
Peu à peu, les tensions se libèrent, l'échange se tisse entre les deux personnages. Et Otto, libraire à la retraite qui vit à l'étage supérieur, participe aussi à ce lien et cette nouvelle amitié, au coeur de laquelle la littérature et la musique prennent une place importante. Déjà très lié à Elias, il se fait son confident et découvre progressivement cette femme mystérieuse qui cache une grande tristesse.
Avec une extrême délicatesse, l'auteur se fait le peintre d'une découverte sentimentale qui ravit tout lecteur. Ce roman dégage un parfum subtil, analogue à ceux d'Ava Audur Olaffsdottir.

Elisabeth

Moura (Alexandra Lapierre)

note: 5Une femme dans l'Histoire Comité de lecture adulte - 24 juin 2016

Alexandra Lapierre nous propose à nouveau une grande biographie romancée. Aristocrate ukrainienne née à la fin du XIXème siècle, Maria Zakrevskaïa, plus connue sous le nom de Moura, a vécu les grandes tourmentes de la révolution bolchevique et partagé la vie d'hommes influents et acteurs de la grande histoire. Muse de Gorki, amante de l'agent secret britannique Robert Bruce Lockhart à Petrograd, Moura est accusée d'être agent double, et de travailler secrètement pour plusieurs camps politiques. Tantôt honnie, tantôt adulée, cette femme traversera les grands évènements de l'histoire en y laissant son empreinte.

Cette biographie remarquable offre, en plus d'un portrait superbe d'une femme aux mille visages, le tableau d'un monde déchiré et tourmenté sur près d'un siècle. L'auteur a réalisé ici un magnifique travail de recherche et de synthèse. Dans un texte vivant et dynamique, elle nous entraîne littéralement vers ce destin de femme unique.
Grand coup de coeur !

Elisabeth

Mademoiselle Haas (Michèle Audin)

note: 2Portraits de femmes Comité de lecture adulte - 24 juin 2016

Une dizaine de mademoiselles Haas vivent ou survivent en France de 1934 à 1941. Des espoirs, des déceptions, mais aussi des femmes qui travaillent, qui s'ancrent plus ou moins dans leur période, veulent agir ou subvenir à leurs besoins. Autant de récits qui parfois se croisent, mais le plus souvent ne sont que l'illustration d'un moment précis.

Dans ce dernier ouvrage de Michèle Audin, elle croise une épaisse documentation pour redonner de la vie à des anonymes, catégorisées par leur prénom, qui se décline en -ine, et leur nom de famille donc. Anonymes ou presque, à un détail, comme le révèle tristement la postface.

Michèle Audin est membre de l'Oulipo. Elle utilise différentes contraintes pour nous présenter ces portraits de femmes. Du plus classique, au récit, à l'échange épistolaire, aux notes en bas de pages qui en disent plus que le texte qu'elles accompagnent, aux froides et sourdes descriptions.
L'exercice de style est intéressant. Le contexte présenté l'est avec crédibilité. Mais Michèle Audin est une chercheuse, et la littérature qu'elle nous propose s'efface devant la froideur de l'exercice. Le combat de ces femmes pour exister et pour avoir existé en ressort fragilisé.

Damien (Bibliothèque d'Auxerre)

Ici et maintenant (Pablo Casacuberta)

note: 4Passage dans le monde des adultes Comité de lecture adulte - 24 juin 2016

Maximo, garçon de 17 ans asocial, reclus, sans goût pour le sport mais passionné par la culture générale et les revues scientifiques, très à l’écoute et fier des mécanismes de sa pensée, vit avec sa mère, son petit frère qu’il surnomme Le Nain, et son oncle omniprésent depuis le départ de son père. Il décroche un emploi de groom dans un hôtel de classe internationale et, dès la première journée et nuit de travail, il va prendre conscience du monde des adultes.

Roman sensible, parfois drôle, sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, les non-dits dans la sphère familiale, les rapports dans la fratrie et la prise de conscience de la personnalité des gens qui vous entourent.

Hélène D.

Anomalia (Laura Gustafsson)

note: 3La bêtise humaine dans ce qu'elle a de plus cruel Comité de lecture adulte - 23 juin 2016

D'emblée, c'est un livre à ne pas mettre entre les mains de tout le monde, suivant la sensibilité des lecteurs. Il traite de la bêtise humaine sous sa forme cruelle, et en schématisant grossièrement : l'homme n'est pas si loin de l'animal.

Le récit est divisé en plusieurs parties, et la morale étayée à travers trois histoires.

Dans la première, c'est une hôtesse de l'air qui prend la parole et nous raconte un peu sa vie, son travail, l'attraction morbide et fascinante qu'elle partage avec sa collègue pour la sombre affaire de « Baby P », un jeune bébé mort suite à de nombreuses violences commises par ses parents. La protagoniste rencontre un soir, un Inde, un homme avec qui elle passe la nuit et tombe enceinte. Elle n'en parle qu'à sa collègue, d'autant plus que son bébé est atteint de trisomie 21. Elle fait pourtant le choix de le garder, et d'accoucher dans sa cabane en pleine forêt, en compagnie de sa chienne, également enceinte. Elle prend ensuite une décision surprenante.

Dans la seconde histoire, on suit un révérend qui recueille deux jeunes filles sauvages. Elles étaient élevées par une meute de loups. Le révérend se donne pour mission de les civiliser, en notant dans son carnet tous leurs progrès, et en ayant recours à des méthodes plus ou moins humaines.

Quant à la troisième partie, assez pesante et lourde, c'est la mère de « Baby P » qui raconte cette affreuse – et véridique – histoire, dès l'instant où elle a viré son mari et fait entrer son « nouveau » copain dans sa famille. Jeune mère paumée et déprimée, elle s'enferme dans le déni face aux violences régulières subies par son fils de la part de son compagnon. Les violences ne sont jamais décrites, elles apparaissent seulement dans les rapports médicaux et les nombreux bleus qu'a Peter. Jusqu'à l’inconcevable...

Ces histoires se rejoignent pour un final apocalyptique.

C'est un récit bâti sur différentes constructions narratives (du point de vue interne, externe, par le « je », pièce de théâtre, passage moralisateur de l'auteur au lecteur), le but étant de laisser le soin au lecteur de se faire sa propre opinion sur ce sujet du « mal », y-a-t-il un gène du « mal » ou bien est-ce que nous valons mieux que les animaux ?

Avant de se lancer dans ce livre, il ne faut pas avoir peur de regarder en face notre côté sombre, en tant qu'homme, notre animalité, notre instinct de survie, ne pas avoir peur de se poser des questions et d'entrer dans une ambiance pesante, noire et lourde. On n'en ressort pas facilement indemne.

Anaëlle (Bibliothèque d'Auxerre)

La fille aux papiers d'agrumes (Hanns Zischler)

note: 4Sortir de l'enfance Comité de lecture adulte - 23 juin 2016

Elsa a quitté Dresde après le décès de sa mère ; elle emménage avec son père en Bavière. L’adaptation est un peu difficile. L’attrait pour sa collection de papier d’agrumes, qui permet de rêver à l’Espagne et à la Sicile, l’arrivée, à l’école et au village d’une nouvelle venant d’Angleterre et la gentillesse de Pauli l’aideront beaucoup dans sa vie quotidienne. Tout cet environnement lui permettra de quitter l’enfance et de grandir.
Joli roman plein de délicatesse, de poésie et de rêves. Décrit la sortie de l’enfance mais aussi la beauté de la Bavière, la vie en Allemagne à la sortie de la guerre.

Hélène D.

Invisible sous la lumière (Carrie Snyder)

note: 4La première femme médaillée d'or aux JO Comité de lecture adulte - 23 juin 2016

Très beau récit romancé de la vie d'Aganetha Smart, la première femme médaille d'or en course à pied aux Jeux Olympiques de 1928, premiers Jeux qui autorisent les femmes à participer. Devenue centenaire, Aganetha Smart vit dans un hospice où elle ne reçoit jamais de visite, jusqu'au jour où deux inconnus prétextant la réalisation d'un documentaire sportif lui font revivre son enfance, sa jeunesse et sa découverte de la course à pied.

A lire sans hésitation.

Martine

L'oreille d'or (Elisabeth Barillé)

note: 3La surdité vécue de l'intérieur Comité de lecture adulte - 23 juin 2016

Roman autobiographique, où l’auteure aborde son problème de « surdité ». Elle est en effet devenue sourde d’une seule oreille, suite aux effets secondaires d’un traitement médical.
Ce handicap n’était pas visible, mais gênant ; malgré cela, elle n’a jamais voulu être appareillée, et s’est réfugiée dans le monde de l’écriture, où, dit-elle, elle entend « avec ses deux oreilles » quand elle écrit. Cette imperfection lui est devenue « précieuse », car cela a développé chez elle le goût pour le secret et l’imagination.

C’est un livre très personnel, sensible, qui se lit bien, avec des chapitres courts.

Hélène P.

Le jardin des brumes du soir (Tan Twan Eng)

note: 5L'art du jardin japonais Comité de lecture adulte - 21 juin 2016

Le juge Yun Ling Teoh prend sa retraite anticipée, une maladie neurologique lui ayant été diagnostiquée : on lui a annoncé une perte de mémoire progressive. Elle retourne à Yugiri, Le jardin des brumes du soir, pour remettre en état le jardin d’Aritomo, recevoir un historien japonais qui fait des recherches sur le maître ; ses souvenirs ainsi que les révélations de l’universitaire vont lui permettre d’écrire ses mémoires. Quelques années après la fin de la Seconde guerre mondiale, Yun Ling est venue rendre visite à l’ancien jardinier de l’empereur du Japon dans les montagnes de Malaisie. Sa famille, et surtout sa sœur aînée, avait été subjuguée par l’art des jardins lors d’une visite officielle au Japon. Pour répondre au vœu de sa sœur morte dans un camp de travaux forcés, elle veut apprendre cet art et réaliser un jardin à sa mémoire. Des liens se nouent entre le maître et l’élève.

De nombreux sujets sont traités dans ce roman :
-le Japon et sa culture, à travers l’art du jardin et des tatouages, mais aussi la sauvagerie de ce même peuple à l’encontre des Chinois ;
-le rôle des colons sud-africains et anglais en Malaisie, la vie des cueilleurs dans les plantations de thé, la guerre puis la guérilla communiste qui fait des ravages ;
-la détermination, la tolérance, le désir de comprendre les événements.

L’intrigue, fil rouge des sujets abordés, maintient l’intérêt du lecteur.

Hélène D.

Le carnaval des innocents (Evelio Rosero Diago)

note: 3Les années Bolivar Comité de lecture adulte - 21 juin 2016

Justo Pastor Proceso est gynécologue à Pasto, petite ville du sud de la Colombie. Il a une très jolie femme, deux filles, une ferme comme résidence secondaire et une passion : la véritable histoire de Simon Bolivar. L’année 1966 se termine. Le mois de janvier commence avec le Carnaval : le jour des Noirs le 5 janvier et le jour des Blancs le 6. Proceso transforme un des chars pour représenter le Libérateur et la face cachée de sa vie. La fête sera difficile : il découvre le vrai visage de sa femme, de ses filles et des notables, ses anciens camarades d’enfance.
Une partie (la période de Bolivar) de l’histoire de la Colombie et les mœurs des années 1960 sont racontés avec beaucoup de verve. La folie du Carnaval décrite est intéressante.
Hélène D.

L'année de la comète (Sergueï Lebedev)

note: 5Roman intimiste et initiatique Comité de lecture adulte - 21 juin 2016

C'est un jeune enfant russe d'une dizaine d'années qui est le narrateur de ce roman intimiste et familial, au coeur du Moscou des années 1980, avant le grand effondrement politique de l'URSS. Il raconte, au fur et à mesure de ses questionnements personnels, la vie de sa famille : grand-mère Tania, une ancienne aristocrate russe, grand-mère Mara, une vraie paysanne, ses parents, tous deux grands scientifiques et travaillant sur les causes et effets des catastrophes naturelles.
En explorant les espaces de vie, l'appartement familial et celui de grand-mère Mara, l'enfant décrypte toute l'histoire de sa famille, avec les symboles et les signes laissés par tous ces morts russes dont on parle si peu. Cette quête personnelle et intimiste est perturbée par l'annonce d'un évènement très grave, qui va bouleverser tout le microcosme familial : Tchernobyl.
La comète de Halley vient de traverser le ciel et d'annoncer une catastrophe à venir...

Avec une grande délicatesse, et sous le regard d'un enfant avide de comprendre le monde qui l'entoure, l'auteur dépeint un monde sur le point de s'effondrer. Les grand-mères et les ancêtres sont les témoins d'une Russie solide et pleine d'espoir. Mais l'année 1986 ouvre une nouvelle ère : la catastrophe de Tchernobyl n'en est que le prémice.

Elisabeth

J'enquête (Joël Egloff)

note: 5Absurde et drôle Comité de lecture adulte - 17 juin 2016

Un détective privé est chargé d'enquêter sur la disparition d'un personnage de premier plan : l'enfant Jésus volé dans la crèche de Noël juste après la messe de minuit. Il faut dire que nous avons affaire à un enquêteur de haut niveau puisqu'il a déjà résolu des affaires importantes comme celle de la disparition de la tortue du jardin botanique ou le mystère de l'homme qui s'était mis brusquement à acheter des fleurs à sa femme alors qu'il ne lui avait jamais offert le moindre cadeau.

Bref nous sommes dans le domaine de l'absurde, du loufoque et de l'humour deuxième, voire troisième degré. Un roman très drôle ou le pathétique frôle souvent l'absurde.

Martine

La frontière du loup (Sarah Hall)

note: 5Roman écologique Comité de lecture adulte - 17 juin 2016

Rachel Caine est une brillante chercheuse, spécialiste du loup. D'origine anglaise mais travaillant dans une réserve indienne de l'Idaho, elle est amenée à faire un déplacement en Combrie, dans son pays natal, pour conseiller un riche propriétaire terrien qui souhaite réintroduire le loup gris sur son domaine.

Véritable réflexion écologique, politique et philosophique sur la réintroduction du loup, ce roman est également une ode à la nature. Les descriptions des paysages, les parfums de la terre et la présence du loup, orchestrent une forme de symphonie naturaliste d'une grande poésie.
Le personnage de Rachel, dont émane une grande force psychologique, émeut et trouble.

Sans aucun doute, ce roman, traitant d'un thème sensible, ne laisse pas indifférent.

Elisabeth

Jupe et pantalon (Julie Moulin)

note: 2Lecture d'été Comité de lecture adulte - 17 juin 2016

Ce roman m’a successivement fait rire, surprise, lassée, agacée… et finalement j’en ai terminé la lecture en le trouvant plutôt attachant.

L’idée de départ est drôle et bien exploitée, mais le roman n’en reste pas moins une lecture loisirs, ni plus ni moins… il n’apporte rien de particulier, a tendance à faire dans le cliché et le lieu commun... mais on passe un bon moment de divertissement.

Lecture pour l’été, lorsqu’il fera trop chaud pour bouger… voire pour réfléchir !

Patricia (Bibliothèque de Brannay)

Jours de miel (Eshkol Nevo)

note: 4Comédie sociale Comité de lecture adulte - 14 juin 2016

Un riche juif américain décide de faire ériger dans la ville des Justes, en Galilée, un bain rituel à la mémoire de son épouse récemment décédée. Le legs destiné à cette construction va engendrer de nombreuses péripéties, aventures et mésaventures au coeur d'un quartier de cette ville sacrée. Et cette histoire va mener le lecteur à faire la rencontre de multiples personnages cocasses, touchants et émouvants, concernés de plus ou moins près par la construction de ce bain rituel.
Fort d'un humour propre à la plume juive, ce roman truculent et désopilant promène le lecteur au coeur d'aventures humaines singulières et souvent drôles.

Elisabeth

Solomon Gursky (Mordecai Richler)

note: 4Fresque familiale Comité de lecture adulte - 14 juin 2016

Somme littéraire impressionnante de plus de 600 pages, ce roman développe une histoire familiale pleine de mystère, dans laquelle les destins se croisent et s'entrecroisent, dans un humour toujours désopilant. L'auteur nous emmène à la découverte de six générations de Juifs ayant vécu sur presque tout le continent. Une aventure extraordinaire, des rencontres surprenantes et des paysages grandioses, dans un rocambolesque jamais achevé, où plane comme un messager sombre, un corbeau noir inquiétant...

Une multitude de personnages, des bonds dans le temps et dans l'espace font de cette somme une richesse unique tout en rendant parfois sa lecture exigeante et laborieuse.

Elisabeth

Les trois mariages de Manolita (Almudena Grandes)

note: 4Les années noires de la dictature franquiste Comité de lecture adulte - 13 juin 2016

A Madrid, à partir de 1940, une terrible répression s’abat sur les combattants républicains et leurs familles : emprisonnements, exécutions, travail forcé des enfants pour expier les fautes de leurs parents, humiliations et prostitution des femmes, misère. Mais, la résistance s’organise malgré tout, malgré la peur, car la volonté de vivre et d’être heureux est là. Manolita, jeune fille de 18 ans, seule avec ses frères et sœurs après l’exécution de leur père, va peu à peu s’engager dans ce combat qu’elle vivra aussi comme une libération personnelle, tout comme les autres figures féminines qui sont au centre de ce roman.

L’auteur entrecroise, d’une manière très libre, les vies des différents personnages réels et fictifs, révélant leur passé, la complexité de leurs caractères, de leurs passions et de leur engagement. Elle compose un récit passionnant de la réalité sociale et politique de ces années noires de la dictature franquiste.

Marie-Christine, BM de Tonnerre

Un parfum d'encre et de liberté (Sarah McCoy)

note: 3Deux histoires de femmes Comité de lecture adulte - 13 juin 2016

Dans ce roman, on suit deux histoires en parallèle, deux femmes à deux époques différentes. Un chapitre pour Sarah, et un autre pour Eden.

2014, Eden vient de s'installer à New Charleston, en Virginie-Occidentale (Etats-Unis), avec son mari, Jack. C'est un couple déçu, brisé par les nombreuses tentatives pour avoir un enfant. Alors quand Jack arrive avec un chiot, sous son bras, Eden n'est absolument pas ravie de voir son rêve de bébé remplacé par un animal, aussi attendrissant soit-il. Ils décident de le rendre au retour de Jack, mais en attendant, ils ont demandé l'aide de Cléo, fillette de 11 ans, habitant le quartier. Une relation s'installe entre elle et Eden. Au même moment, une tête de poupée est découverte dans une trappe de la cuisine. Cléo et Eden décident de mener l'enquête sur ce mystère, en interrogeant les habitants de la ville.

1859-1864, Sarah est la fille du célèbre abolitionniste John Brown. Un soir, elle découvre l'activité secrète de son père, à savoir cacher des esclaves pour les aider à fuir au Canada. Elle le surprend en dessinant avec précision le paysage sur une carte, et de ce fait, devient membre du Chemin de fer clandestin. Malheureusement, son père est arrêté et pendu.

Eden et Jack habitent en réalité dans la maison des Hill, là où le cœur de l'action se déroule, là où se trouve également la clé du mystère.

Ce roman, dense, est très bien écrit. On prend plaisir à le lire.
Pour ma part, j'ai préféré l'histoire de Sarah. L'authenticité historique et la puissance émotionnelle de ce récit m'ont conquise. Je trouve que cette partie se suffit à elle-même, de plus l'auteur explique à la fin ses années de recherche sur Sarah Brown et son père. Je n'ai pas trop compris le réel intérêt de l'histoire d'Eden, avec ce mystère de la tête de poupée qui n'est, au final, pas un vrai mystère, vu que tout est expliqué dans le récit de Sarah. L'auteur a voulu faire un parallèle entre ces deux femmes, or elles ne sont pas issues de la même famille, Eden ne va jamais s'intéresser à Sarah Brown et à son passé....était-ce vraiment nécessaire ?
A part ce bémol, qui n'est que mon avis personnel, c'est une belle lecture que je recommande.

Anaëlle

Euphoria (Lily King)

note: 3Roman biographique et initiatique Comité de lecture adulte - 13 juin 2016

Ce roman s'inspire d'une partie de la vie de la célèbre anthropologue américaine Margaret Mead.
Au début des années 1930, trois jeunes anthropologues américains explorent des tribus encore inconnues en Nouvelle-Guinée, à l'est de l'Australie.
Le lecteur plonge alors au coeur d'une ambiance et d'un monde saisissant, où les questionnements d'une science naissante, l'anthropologie, dans un pays alors presque inconnu, amènent des êtres humains à se côtoyer, se rapprocher et se désirer.

Roman spirituel et initiatique qui dégage une grande poésie.
Elisabeth

Ce qui nous sépare (Anne Collongues)

note: 4Voyage avec des inconnus Comité de lecture adulte - 9 juin 2016

Lors d’un voyage en RER ( sens Paris-banlieue), l’évocation d’un pan de vie de 7 personnages. Chacun a une raison bien particulière d’être monté dans ce wagon, et l’on va découvrir tout au long du roman une partie de leur vie. La traversée de banlieues anonymes ravive pour certains des souvenirs, et c’est ainsi que sont évoquées d’une manière sensible les préoccupations, les espoirs, les frustrations, les rêves, les souvenirs de ces passagers.
On se retrouve embarqué dans ce voyage, à « observer » ces personnes qui ne se connaissent pas, n’ont rien en commun (d'où le titre « Ce qui nous sépare »), si ce n’est ces instants passés « ensemble » dans cet univers clos, et qui, quelque part, les « rapproche »…
L’écriture est très fluide ; on passe d’un personnage à l’autre, d’un endroit à un autre, ici et là-bas, hier et aujourd’hui, tranquillement, presque sans s’en rendre compte. C’est très bien écrit, cela se lit sans difficulté. On s’accroche aux personnages et on a envie de savoir d’où ils viennent et où ils vont. Un beau roman.
Hélène P.

Algèbre (Yan Pradeau)

note: 4Un mathématicien génial Comité de lecture adulte - 9 juin 2016

Eléments de la vie personnelle et professionnelle d’Alexandre Grothendieck, mathématicien génial élément moteur de l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques, membre du groupe Bourbaki, lauréat de la médaille Fields en 1966, décédé en novembre 2014.
Se lit comme un roman car cet homme a eu une vie hors du commun. Intéressant mais pour un public averti (génération des mathématiques modernes ou scientifiques).
Hélène D.

Mailloux (Hervé Bouchard)

note: 3La guerre des boutons revisitée Comité de lecture adulte - 3 juin 2016

Jacques Mailloux est enfant dans un quartier défavorisé : sa mère est indifférente à son aîné bien qu’il soit son préféré, son père est alcoolique, de nombreux membres de la famille ont disparu de mort violente, les grands du quartier se moquent de lui car il est énurétique et a du mal à le cacher et défèque sous lui… Jacques fait partie de la bande de gamins mais il n’est pas toujours intégré et aime être seul ; il débute un peu tôt sa vie d’adolescent en découvrant seul les plaisirs sexuels, en cachette dans la chambre de ses parents, et participe involontairement à des débats non conventionnels…
« La guerre des boutons » mais sans le sourire de Petit Gibus. : le quotidien de petites gens et surtout d’un gamin qui n’a pas vraiment d’enfance mais ne suscite pas l’empathie. Beaucoup de violences et sans espoir.
Une langue très difficile, de l’argot canadien, qui ne permet pas toujours de suivre le récit fait sous forme d’anecdotes. Une lecture nécessitant beaucoup de concentration.
Hélène D.

Le piano dans l'éducation des jeunes filles (Stéphane Barsacq)

note: 1La vie amoureuse d'un intellectuel parisien Comité de lecture adulte - 3 juin 2016

Le narrateur, Volodia, 34 ans, professeur d’histoire, écrit un livre sur ce thème «le piano dans l’éducation des jeunes filles » ; c’est un intellectuel parisien, qui côtoie le « gratin » littéraire et culturel : Hérode, homme de lettres alcoolique, grossier personnage très antipathique mais connu et adulé ; Antone, son professeur de thèse, Julien, son ami, critique musical dans une revue.
Il rencontre une pianiste, Sonia, douée pour les choses de l’amour, mais pas pour le piano. Il va la quitter quand il apprendra sa liaison avec Julien. Puis il va vivre un amour impossible avec Sophie Baxter, très grande pianiste, mais qui ne veut pas d’une relation physique.
Le seul fil conducteur de ce roman est sa vie amoureuse qu’il va nous décrire, philosophant au passage sur l’éducation des jeunes filles et y trouvant un prétexte pour y puiser des idées pour son livre. Et on ne sait plus si ce que l’on lit n’est pas le livre qu’il est lui-même en train d’écrire.
Beaucoup de références sont énoncées au cours de ce roman, qu’il faudrait soi-même posséder pour comprendre Volodia et ses états d ‘âme. Il y a là un étalage de connaissances qui ne me paraissent pas forcement très utiles...
Donc une balade sentimentale dans la vie d’un jeune branché, qui vit «  évidemment »  à Paris, avec quelques réflexions sur « l’éducation des jeunes filles ».
J’ai trouvé ce roman long et ennuyeux, avec très peu d’événements et de rebondissements.
Hélène P.

le nom du père (Sébastien Meier)

note: 5Très bon roman policier Comité de lecture adulte - 2 juin 2016

L'ancien inspecteur de police Paul Bréguet sort de prison après plus de deux ans de détention. Il est aussi suspecté de meurtre mais sans preuves. A sa sortie il est contacté par un homme d'affaires important qui détient des éléments susceptibles de le faire inculper. Cet homme d'affaires est à la recherche de documents détenus par l'avocat que le policier est suspecté d'avoir tué.

Dans cet imbroglio où se mêlent réseau de prostitution, corruption et évasion fiscale, le policier, aidé par la procureure qui le suspecte, va tenter de mettre au clair la vérité ! Un polar passionnant et très noir qui dépeint les milieux d'affaires, milieux politiques et milieux financiers suisses sous un jour très éloigné de l'aspect bien clean de ce pays ! Bien raconté et bien écrit , c'est un très bon roman.

Verdun n° 01
Avant l'orage (Jean-Yves Le Naour)

note: 4Bataille Comité de lecture adulte - 20 mai 2016

Nous sommes en décembre 1915, à la veille de l’attaque de Verdun par l’armée allemande ; le lieutenant-colonel Driant veut plus de renforts car il assiste à la préparation de l’offensive.
Mais à Paris, le Maréchal Joffre ne veut rien entendre… Il sera remplacé par le Maréchal Pétain en février 1917.
BD historique très bien faite ; dessins soignés, couleurs bleutées pour les scènes de terrain, orangées pour celles « en ville », dans les bureaux. Les 4 dernières pages sont des explications de cette bataille avec photos d’époque exposées au Mémorial de Verdun.

Hélène P.

C'est un oiseau.. (Steven T. Seagle)

note: 5C'est un oiseau Comité de lecture adulte - 20 mai 2016

Steve et son frère ont eu une bande dessinée de Superman pour patienter lors de l’hospitalisation de leur grand’mère. Malgré un souvenir pénible et tenace, Steve devient dessinateur de comics. Il se voit proposer d’écrire les nouvelles aventures du plus célèbre de tous les héros Superman. Sa vie personnelle est dans un moment douloureux : son père a disparu sans donner d’explications, sa mère est aux abois, il doute de sa santé ce qui complique les rapports avec sa copine. Les conditions ne sont pas optimales pour l’inspiration.

Construction intéressante : alternent la vie de Steve en couleurs pastel et les planches dessinées avec des techniques différentes.
Beaucoup de sujets traités avec beaucoup de sensibilité : les rapports de l’auteur avec son éditeur, la solitude devant la page blanche, les rapports familiaux – père, mère, enfants et fratrie - la culpabilité vis-à-vis de ses enfants, le secret ou le non-dit et le problème des maladies orphelines. Malgré tous ces thèmes abordés, la lecture est aisée.
Coup de cœur pour la diversité et la richesse des sujets traités et des techniques employées.

Hélène D.

Chaos debout à Kinshasa (Thierry Bellefroid)

note: 2Combat cadeau Comité de lecture adulte - 20 mai 2016

Octobre 1974, Kinshasa, «Combat cadeau» du Président Fondateur au peuple du Zaïre. Evoluent autour des deux boxeurs - George Foreman et surtout Mohamed Ali - Ernest Afro-Américain spécialiste de petits trafics à Harlem, qui a gagné son billet en participant à un jeu radiophonique, fait connaissance de l’Afrique et assiste au combat du siècle, un Belge ami de Mobutu mais qui soutient la rébellion angolaise, des espions sénégalais…
Le combat de Foreman contre Mohammed Ali sert de toile de fond pour décrire la vie à Kin, la corruption, la violence du régime, la zaïricanisation. Mélange de fiction aux Etats-Unis et de réalité au Zaïre. Trop de sujets traités.
Dessins travaillés avec des couleurs douces et nuancées, mais pas adaptés à l’atmosphère du pays à mon goût.

Hélène D.

La vie en cinquante minutes (Benni Barbash)

note: 5Jalousie quand tu nous tiens ! Comité de lecture adulte - 17 mai 2016

Zahava et Dov sont mariés depuis trente-deux ans. En chargeant son lave-linge, Zahava découvre un cheveu blond enroulé à la bretelle du maillot de corps de son mari. Très jalouse et débordante d’imagination, elle mène l’enquête pour découvrir la vie secrète de celui-ci. Tout d’abord elle vide la maison, puis se fait épauler par un détective privé, un analyste, des serruriers, et pousse sa recherche en inventant un personnage virtuel pour piéger son conjoint.
Récit rocambolesque mais crédible ; beaucoup de finesse, de gravité et de plaisanterie. Aborde la place de la femme dans la famille et dans le couple lorsque l’homme fait carrière, l'influence du rituel de la religion juive. Fin ouverte. Se lit comme un roman policier.

Hélène D.

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